Parlement: Nizar Baraka interpellé sur l’état préoccupant des ponts et chaussées au Maroc

Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau.

Revue de presseEntre vieillissement des ouvrages d’art, sous-financement chronique et inertie face à la corruption, la pression monte sur le ministère de l’Équipement et de l’Eau. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 12/08/2025 à 19h19

Alors que le Parlement est officiellement en pause jusqu’au vendredi 2 octobre prochain, plusieurs députés ont déjà pris une longueur d’avance sur la prochaine rentrée politique. En pleine pré-campagne électorale, ils ont adressé une avalanche de questions écrites à Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, portant principalement sur «l’état préoccupant des ponts, viaducs et autres ouvrages d’art à travers le Royaume», indique le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 13 août.

La majorité de ces interrogations pointent du doigt des infrastructures vieillissantes, fragilisées par l’usure naturelle des matériaux, la surcharge liée à l’augmentation du trafic et la croissance rapide du parc automobile marocain, tant en nombre qu’en poids moyen des véhicules.

D’après ces questions parlementaires, plus de 500 ouvrages seraient aujourd’hui dans un état de dégradation avancée, limitant leur niveau de service et perturbant la fluidité de la circulation. Parmi eux, 244 ponts et viaducs sont jugés trop étroits, tandis que 45 autres ne peuvent supporter qu’une charge réduite. Cette situation, soulignent les élus, menace la sécurité des usagers et l’efficacité du réseau routier national.

Les indicateurs confirment cette tendance inquiétante. La proportion des routes en état bon à moyen est passée de 66% en 2000 à seulement 12,7% en 2025, soit une chute de plus de 53 points en deux décennies. Ce recul s’explique par la pression croissante du trafic, mais aussi par les effets des intempéries extrêmes, des cycles de gel-dégel et des inondations qui accélèrent l’usure des chaussées. En parallèle, les routes déjà en mauvais état se détériorent encore plus vite, rendant inefficaces les efforts ponctuels de réhabilitation entrepris par le ministère.

«Selon une étude citée par les députés, la maintenance optimale du réseau routier national nécessiterait 3,5 milliards de dirhams par an, soit 1,5 milliard de plus que l’enveloppe annuelle actuellement allouée par le ministère», précise Assabah. Ce sous-financement chronique contribue à creuser le retard d’entretien et à alourdir la facture des réparations futures.

Pour 2025, le ministère a réservé 140 millions de dirhams au traitement des «points noirs», soit les zones dangereuses ou congestionnées, ainsi que 124 millions de dirhams pour achever des travaux de modernisation sur la route nationale n°9 entre Marrakech et Ouarzazate, sur un tronçon de 64 kilomètres.

Au-delà des questions techniques et budgétaires, certaines voix au sein du Parlement et du ministère appellent à s’attaquer aux racines structurelles du problème. Des sources internes au ministère rappellent que le gouverneur de Bank Al-Maghrib a identifié sans détour deux fléaux majeurs: la corruption et l’économie de rente.

Ces phénomènes, déplorent plusieurs élus, freinent les réformes, gonflent les coûts et sapent la confiance dans la gestion publique. Pourtant, regrettent-ils, aucune action structurée ni signal politique fort ne laissent entrevoir une véritable stratégie de lutte dans le secteur de l’équipement. «On a traité la question de la corruption et de l’économie de rente comme un incident ponctuel, pas comme la cause profonde de nos difficultés», déclare un député, estimant que, sans changement de gouvernance, l’argent investi dans les infrastructures risque de ne produire que des effets limités.

Par La Rédaction
Le 12/08/2025 à 19h19