Parlement: l’opposition dévoile ses cartes

Séance plénière de la Chambre des représentants consacrée à l'élection de son président, au titre de la onzième législature, le 9 octobre 2021, à Rabat. . MAP

Revue de presseKiosque360. L’opposition a attendu la fin de la première session parlementaire pour sortir de ses gonds. Elle accuse le gouvernement et sa majorité de pratiques contraires à l’esprit de la Constitution. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 14/02/2022 à 04h37

Il y a une semaine, la session parlementaire d’automne, la première de l’actuelle législature, prenait fin. Pour la majorité, vu la durée très limitée, depuis l’investiture du gouvernement jusqu’à la clôture de cette session, le bilan est plutôt positif et à plusieurs égards. Une appréciation que ne partagent pas forcément les groupes et les groupements parlementaires de l’opposition.

Dans un dossier publié par Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 14 février et cosigné par une ancienne députée de l’USFP, le quotidien souligne que pour l’opposition, il s’agit sans doute de l’un des pires débuts de législature que le Maroc ait connu depuis des années.

Après avoir énuméré les prérogatives et les droits de l’opposition parlementaire ainsi que le rôle des partis politiques en général, cités dans les articles 10 et 7, respectivement, de la Constitution, les auteurs de ce dossier s’en remettent aux chiffres pour relever le bien fondé de la vision de l’opposition. Ainsi, s’agissant de l’initiative législative, les partis de l’opposition ont déposé 21 propositions de lois, alors que les trois formations de la majorité n’en ont présenté aucune. Ce qui est d’ailleurs tout à fait logique, il faut le souligner, puisque les initiatives de la majorité en la matière sont présentées sous forme de projets de loi par le gouvernement.

Bref, précise le quotidien, sur ces 21 textes déposés par l’opposition, le PPS a déposé huit propositions de loi, suivi par le MP avec six textes et l’USFP avec quatre propositions, puis le groupement parlementaire du PJD avec deux textes et celui de la FGD avec une seule proposition de loi. Pour ce qui est des questions écrites, l’opposition en a soumises 682 au gouvernement. C’est l’USFP qui en a posé le plus, avec 215 questions écrites, talonné par le PPS avec 210 questions. S'agissant des questions orales, les formations de l’opposition en ont posées 640 avec 204, rien que pour l’USFP.

Le groupe parlementaire du parti socialiste a d’ailleurs relevé, et ce contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, «des pratiques contraires à l’esprit de la Constitution, à cause notamment de l’hégémonie et la mainmise du gouvernement et de sa majorité». Citant le chef du groupe parlementaire de l’USFP, les deux auteurs de ce dossier dont, rappelons-le, une ancienne députée du même parti, affirment que le gouvernement, s’appuyant sur sa majorité numérique, laisse peu de marge de manœuvre à l’opposition au sein du Parlement. «Il l’étouffe même», précisent les auteurs du dossier.

D’après le quotidien, c’est pratiquement toute l’opposition formée par le groupe socialiste, le groupe haraki, le groupe du progrès et du socialisme et le groupement justice et développement, qui a fait part de son mécontentement face à ce qu’elle qualifie de «pratiques qui s'opposent à l'esprit de la Constitution, depuis la formation du gouvernement et de la majorité parlementaire». Tout en évoquant la nécessité de mettre en place une réforme urgente et profonde du règlement interne de la Chambre des représentants, de manière à préserver le pluralisme et à respecter les droits de l'opposition, cette dernière n’a pas du tout ménagé l’Exécutif.

L’opposition n’a ainsi pas laissé passer l’occasion sans rebondir sur la décision du gouvernement de retirer plusieurs projets de lois qui sont soit bloqués en cours d’examen ou n’ont jamais été abordés par les députés. Bref, conclut le quotidien, si l’opposition a été très critique envers le gouvernement concernant cette première session parlementaire, ce dernier ne manque pas d’arguments pour défendre sa position. Ainsi, comme chaque session d'automne, celle de cette année a été largement dominée par l’examen et l’adoption du PLF-22. A cela s’ajoute le fait qu’après avoir mis en place ses différentes instances dirigeantes, procédure qui prend du temps, le Parlement a également planché sur l’examen et l’approbation du programme gouvernemental. Il a d’ailleurs été mis en avant la fluidité de l’action parlementaire qui reflète la coopération entre les pouvoirs législatif et exécutif ainsi que la volonté collective de rationaliser la gestion du temps politique et parlementaire.

Par Amyne Asmlal
Le 14/02/2022 à 04h37