Parlement: la première présidente de la Cour des comptes présente le rapport 2021, critique à l’égard des pouvoirs publics

La première présidente de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, au Parlement, le 2 mai 2023.

Le 02/05/2023 à 18h36

VidéoLe rapport que la première présidente de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, a présenté ce mardi 2 mai devant les deux Chambres du Parlement un tableau plutôt sombre de la gestion de nombreux chantiers en 2021. Les secteurs de la santé, de l’éducation nationale, des finances et des investissements sont particulièrement ciblés.

Ce rapport, publié le 7 mars 2023 au Bulletin officiel et présenté officiellement lors d’une séance parlementaire plénière, a mis le doigt sur une série de dysfonctionnements dans la réalisation de ces divers chantiers.

Mais Zineb El Adaoui est allée encore plus loin dans ses critiques en s’arrêtant sur des entraves que son institution a relevées durant une partie de l’année 2022 et même en 2023, sous la gouvernance de la majorité actuelle formée par le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal.

Il faut signaler que l’essentiel des critiques formulées par la Cour des comptes dans son rapport 2021 remonte à la dernière année du mandat du gouvernement de Saâd Eddine El Othmani (2017-2021).

Zineb El Adaoui a commencé par relever les obstacles freinant l’application des chantiers de la santé et de la couverture sociale. Elle a ainsi fait observer que l’offre hospitalière en 2021 était insuffisante (hôpitaux, médecins et infirmiers) nonobstant la fragilité de l’assurance maladie obligatoire.

Mais le «carton rouge» de la présidente de la Cour des comptes est revenu à l’actuel régime des retraites. «Si aucune réforme judicieuse n’intervient à ce niveau, le régime des retraites devrait s’écrouler vers 2025», a averti Zineb El Adaoui.

Cette dernière a également évoqué les différents délits et crimes financiers jugés par les tribunaux financiers entre 2021 et 2023. «Quelque 200 missions judiciaires ont pu être entreprises durant cette période auprès des entreprises publiques, des entités municipales et des collectivités locales», a-t-elle déclaré, indiquant que «198 sentences ont été prononcées (par les tribunaux financiers) en infligeant des amendes dont les montants se sont chiffrés à des dizaines de millions de dirhams».

S’agissant de l’éducation nationale, le rapport 2021 de la Cour des comptes a pointé du doigt «l’absentéisme des enseignants constitués notamment d’un total de 84.000 contractuels», tandis qu’au niveau des investissements, il est indiqué que ce chantier souffre toujours de la «lourdeur administrative».

La présidente de la Cour des comptes avait en face d’elle des députés et des conseillers parlementaires très attentifs. Dans leurs commentaires, les représentants de la majorité et de l’opposition ont unanimement salué l’objectivité du rapport, indiquant que le texte sera soumis prochainement à une analyse détaillée par leurs groupes parlementaires et leurs partis politiques respectifs.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Fahd Rajil
Le 02/05/2023 à 18h36