Le 12 novembre 2024 marquait la fin de l’existence de l’intergroupe «Sahara occidental» qui officiait depuis vingt ans au Parlement européen, malgré ses nombreuses entorses au règlement de l’institution. Ce jour-là, le régime d’Alger et le Polisario avaient perdu une tribune importante pour leur propagande anti-marocaine et pour la mise en œuvre de stratagèmes diplomatiques sournois, relayés dans le cadre de cet intergroupe par des eurodéputés dévoués à leur cause.
Mais alors que la porte du Parlement européen s’est refermée, laissant dans le froid leurs basses manœuvres, c’est via la fenêtre que des membres du Polisario ont été invités à entrer par les eurodéputés du groupe The Left.
Thierry Mariani, eurodéputé français du groupe Patriotes pour l’Europe (Rassemblement national), a en effet dénoncé le 14 janvier, sur son compte X, la tenue d’une réunion au Parlement européen, prévue pour le 28 janvier, à l’initiative de l’extrême gauche. «À huis clos à Bruxelles, l’extrême gauche invite le Front Polisario, milice séparatiste pro-algérienne (non reconnue par l’ONU), à s’exprimer devant les eurodéputés. Et cela au mépris total de la souveraineté du Maroc, de la diplomatie de nos États membres et des réalités politiques», a écrit l’élu européen en partageant l’ordre du jour de cette rencontre.
Au programme de cette réunion du comité pour le commerce extérieur: «Un échange de points de vue avec des représentants du Front Polisario sur les jugements de la Cour de justice, en date du 4 octobre 2024, au sujet de l’implémentation au Sahara occidental des accords Europe-Maroc relatifs aux pêcheries, au commerce de produits agricoles et de la pêche, et à la labellisation des produits originaires du Sahara occidental».
Interrogé par Le360, Thierry Mariani estime que «cela est choquant politiquement, mais techniquement possible, parce qu’en réalité, le monitoring group est ce qui suit les accords commerciaux». L’extrême gauche «a donc le droit d’inviter qui elle veut», explique-t-il.
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Mais dans cette réunion à la dimension plus symbolique que concrète, Thierry Mariani voit «une sorte de baroud d’honneur du Polisario qui, n’ayant plus d’intergroupe sur le Sahara occidental, a perdu pendant cinq ans le moyen d’intervenir».
Ainsi, analyse-t-il, les séparatistes «essayent d’être présents par le biais de cette commission», laquelle, par définition, n’aura toutefois «pas beaucoup d’impact, puisqu’elle se déroulera à huis clos», nuance Thierry Mariani, qui annonce pour Le360 sa présence dans le cadre de cette commission, dont son groupe est membre, afin de demander «que le Maroc soit convoqué pour une réunion séparée».