C’est finalement à travers une guerre d’usure, implacable et bien orchestrée par ses partisans, que Abdellatif Ouahbi et son clan, dit de «l’avenir», ont réussi à faire main basse sur le Parti authenticité et modernité à l'issue de son 4e congrès, clos ce dimanche 9 février.
Une guerre d’usure marquée surtout par le retrait d’une demi douzaine de candidats, écrit Al Massae de ce lundi 10 février, qui ont successivement jeté l'éponge pour protester contre des pratiques qu'ils qualifient d'antidémocratiques, l’absence de dialogue et le manque de respect pour l’image du parti. Des retraits en cascade qui ont eu pour effet immédiat de laisser la voie libre au refuznik Abdellatif Ouahbi, dont l’élection était devenue une simple formalité pour le Conseil national du parti, dirigé par Fatima-Zahra Mansouri, tout acquis à sa cause.
La percée de Abdellatif Ouahbi a en effet été fulgurante, selon Akhbar Al Yaoum qui rapporte qu’après l’ouverture du 4e congrès, marquée par un désordre fou, des insultes, voire des agressions physiques, au vu et au su des invités nationaux et internationaux, les deux courants du Tracteur ont fini par fumer ensemble le calumet durant la journée suivante du samedi, une 2e journée décisive qui a fait basculer le parti dans l’escarcelle de «l’opposition». En effet, cette dernière a réussi à faire passer toutes ses propositions réglementaires et statutaires, tout en bloquant celles du camp adverse.
Akhbar Al Yaoum n’oublie pas, voire s’empresse de rappeler que Abdellatif Ouahbi, nouveau secrétaire général du PAM, est surtout connu pour ses positions favorables à «un rapprochement de son parti avec les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) et à ce qu'il appelle l'éloignement du PAM de la tutelle de certaines sphères étatiques».
Pour sa part, Al Ahdath Al Maghribia estime qu’avec l’éléction de son 6e secrétaire général, la naissance d’un nouveau PAM ne sera pas de tout repos. En effet, avec le «scandale et la pluie de coups et blessures qui ont inauguré l’ouverture du 4e congrès, certains PAMistes ayant parlé de situation normale pour un parti sous tutelle, alors que d’autres avancent les erreurs et la personnalisation du pouvoir, il en ressort que ce parti est loin d’avoir pansé ses blessures», écrit Al Ahdath.
Le quotidien estime que Ouahbi a réussi à se hisser à la tête du parti en adoptant une stratégie qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici. En effet, l’homme dont tout un chacun se rappelle des sorties virulentes et à la limite de l'irrespect pour ses adversaires, est subitement devenu plus posé dans son verbe et plus mesuré dans sa démarche lors du congrès d’Al Jadida qui lui a finalement souri. Son courant a fait main basse sur tous les rouages du PAM, un parti «qui n’a jamais connu la stabilité depuis sa création», conclut Al Ahdath.