Abdellatif Ouahbi, figure emblématique du gouvernement Akhannouch et ministre de la Justice, se retrouve au cœur d’une tourmente.
Des documents confidentiels, divulgués par le groupe de hackers JabaRoot DZ sur Telegram, viennent jeter une ombre sur une opération immobilière de grande envergure dans un quartier chic de la capitale du Royaume, Rabat.
Selon ces documents, dont l’authenticité reste encore à vérifier, Ouahbi aurait acquis un terrain de près de 2.900 m² en contractant un prêt bancaire de 11 millions de dirhams.
Il aurait remboursé cette somme en moins de quatre ans. Mais ce n’est pas le plus surprenant, indique le magazine Jeune Afrique. Il aurait transféré la propriété à son épouse par un acte de donation, déclarant toutefois une valeur largement inférieure à la réalité. Seulement un million de dirhams.
Cette discordance entre la somme empruntée et la valeur déclarée alimente les soupçons. Pour ses détracteurs politiques, il s’agirait d’une manœuvre visant à éviter l’impôt sur la donation, en sous-évaluant le bien. Une pratique qualifiée de fraude fiscale, bien que la loi encadre strictement ce type de transactions.
La précision troublante des documents, plans cadastraux, contrats notariés, dates officielles, ajoute un voile de mystère. D’où proviennent ces fuites? Face à ces révélations, les réactions ne se sont pas fait attendre.
Abdelilah Benkirane, ancien Premier ministre et secrétaire général du Parti de la justice et du développement, lance un appel à la démission du ministre. Sans jamais nommer Ouahbi directement, il dénonce une «falsification de document officiel» et un «acte grave» qui bafouent la Constitution et le Code général des impôts, écrit-on.
La Fédération de la gauche démocratique réclame, elle, l’ouverture d’une enquête judiciaire urgente.
Quant au Parti marocain libéral, il va plus loin, dénonçant un manquement flagrant des autorités fiscales à leur devoir de contrôle et demandant la révocation immédiate du ministre dont le maintien compromettrait, selon eux, la confiance dans la justice fiscale.
Le groupe de hackers JabaRoot DZ, quant à lui, ne cesse de faire monter la pression. Il menace désormais de dévoiler d’autres «dossiers extrêmement sensibles», cette fois concernant un mystérieux responsable, lié à une acquisition foncière de plusieurs dizaines de millions de dirhams.
Devant la tempête, Abdellatif Ouahbi sort enfin de son silence dans une interview accordée à Hespress. Il confirme avoir bien donné le terrain à son épouse en 2024, invoquant un principe islamique de partage des biens acquis pendant le mariage.
Il défend, aussi, une démarche transparente, rejetant toute intention lucrative et assurant que l’évaluation du bien dans le cadre d’un don relève d’un droit légal. Il lance un défi clair: «si l’on prouve que j’en ai tiré un gain sans m’en acquitter fiscalement, je suis prêt à rendre des comptes».
Toutefois, écrit Jeune Afrique, il dénonce une campagne orchestrée, accusant des «sources étrangères» de vouloir lui nuire politiquement, parlant d’une «guerre numérique» où piratage et désinformation se mêlent. Si aucun recours judiciaire n’a encore été engagé, il prévient qu’il se réserve le droit d’agir à l’issue de son mandat.
Le bras de fer est donc loin d’être terminé. Entre accusations, menaces et démentis, cette affaire met en lumière les zones d’ombre d’un système sensible, où la transparence et la confiance sont, plus que jamais, mises à l’épreuve.








