Ban Ki-moon est-il réellement maître de ses décisions ? La question agite les esprits et s'impose avec insistance à la fin du mandat de celui que tout le monde, ou presque, pointe aujourd’hui comme étant le «pire secrétaire général» qu’ait jamais connu l’Organisation des Nations Unies (de 2007 à 2016).
La réponse en est malheureusement que Ban Ki-moon n'est pas maître de ses décisions. Et cette triste vérité est en train d’éclater au grand jour pour ceux qui doutent encore et ce, au mauvais moment pour Ban Ki-moon qui se prépare à quitter l’ONU en cette fin 2016, après deux longs mais souvent mouvementés mandats à la tête du "machin" (2007-2016).
Le propos, ici, est mis en évidence par le dernier cafouillage du SG sortant de l’ONU sur le dossier yéménite, pour ne pas parler de celui du Sahara où Ban Ki-moon a cumulé les pires impairs, à l’opposé de tous ses prédécesseurs, de l'Autrichien Kurt Waldheim au Ghanéen Koffi Annan, en passant par l'Egyptien Boutros Boutros Ghali.
Rappelez-vous! Pas plus tard que le 2 juin courant, l’ONU inscrivait la coalition anti-Houthis commandée par l’Arabie saoudite et dont le Maroc l’un des piliers, sur la liste noire des pays qui «tuent et mutilent des enfants» et qui «attaquent des écoles et/ou des hôpitaux». L’un des passages du rapport bidouillé par le staff du SG de l’ONU met sur un pied d’égalité des organisations terroristes et une coalition engagée depuis mars 2015 pour rétablir la légitimité du gouvernement de Hadi Mansour, envers et contre les rebelles Houthis à la botte du régime des mollahs iraniens, ceux-là vrais responsables d’une guerre qui ne dit pas sans nom contre les civils yéménites sans défense.
Colère, voire indignation dès la sortie de ce rapport à charge contre une coalition dont le «tort» semble-t-il est d’avoir simplement voulu sauver ce même peuple yéménite livré en proie à des milices houthies sans foi ni loi et à la chape de plomb de l’antenne yéménite d’Al-Qaïda, dirigée par Anwar Al-Awlaqi avant que celui-ci ne trouve la mort dans un raid lancé par un drone de l’US air Force, le 30 septembre 2011.
Coup de théâtre: le secrétaire général de l’ONU, face aux protestations de la coalition anti-Houthis et de l’Arabie saoudite en particulier, finira par changer d’avis. Le 6 juin, et donc quatre jours après la sortie de ce rapport impliquant la coalition dans la mort de 500 enfants yéménites, Ban Ki-moon rétropédale et retire la Coalition de ladite liste noire. Une volteface qui en dit long sur l’indécision, voire l’irresponsabilité, d’un secrétariat général qui s'est forgé cette réputation peu reluisante de botter en touche.
Jeffrey Feltman, le marionnettiste de Ban Ki-moonDerrière ce jeu de polichinelle, vient tout de suite à l’esprit le nom de Jeffrey Feltman, ex-sous secrétaire d’Etat américain chargé des affaires du Proche-Orient et actuel secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des Affaires politiques, véritable stratège de la ligne politique de l’Organisation des Nations Unies. Selon des bruits de couloir en provenance de l’avenue East River, siège new-yorkais de l’ONU, c’est Jeffrey Feltman qui serait à l’origine du rapport à charge contre la coalition anti-Houthis et, surtout, de la volteface de Ban Ki-moon qui s’est rétracté quatre jours après la sortie dudit rapport attribuant à la coalition la mort de 500 enfants yéménites pour la retirer de ladite liste noire des pays qui «tuent et mutilent des enfants»!
Que s’est-il alors passé pour que le SG de l’ONU change d’avis du jour au lendemain ?
Les premiers éléments de réponse apportés par nos confrères d’Innercity (presse accréditée auprès de l’ONU) démontrent, à qui veut bien entendre ou voir, que c’est Jeffrey Feltman et non Ban Ki-moon qui est derrière le retrait de la coalition anti-Houthis de la liste noire des pays «tueurs d’enfants yéménites»!
Jeffrey Feltman craint-il pour son avenir politique ?
Toujours selon Innercity, le revirement onusien sur le dossier des enfants yéménites est dû à une intervention du ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, auprès de l’ex-sous secrétaire d’Etat américain chargé du Proche-Orient, et actuel «tête pensante» du secrétariat général de l’ONU. A en croire nos confrères d’Innercity, Jeffrey Feltman aurait dit à Ban Ki-moon de «laisser tomber» l’Arabie saoudite de ladite liste noire, par crainte de voir sa chance de postuler pour un futur poste de secrétaire d’Etat dans le prochain gouvernement américain qui sera constitué à l’issue de la présidentielle de novembre prochain donnant Hillary Clinton favorite pour la présidence des Etats-Unis.
Sahara: pourquoi Ban Ki-moon ne fait-il pas amende honorable ? Chantage ou pas, le SG sortant de l’ONU a bel et bien cédé face à l’intervention du ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir. Ce rétropédalage n’en demeure pas moins problématique quand on constate que Ban Ki-moon refuse toujours de reconnaître ses péchés capitaux sur le registre du dossier saharien, quand, le temps d’un voyage du 4 au 7 mars dernier du côté d’Alger et Tindouf, il a qualifié d’ «occupation» le recouvrement par le Maroc de son intégrité territoriale.
Si le Sud-coréen a bel et bien avoué ne pas maîtriser le dossier du Sahara, suite à la réaction énergique des autorités et du peuple marocain, il n’a pas eu l’humilité de présenter ses excuses pour l’offense qu’il a faite aux sentiments de 35 millions de Marocains. Plus encore, il s’est obstiné, revanchard, à rameuter contre le royaume les diplomates accrédités auprès de l’ONU, dans une attitude résolument hostile et surtout contraire à l’esprit de la Charte des Nations Unies, notamment l’article 100 qui insiste clairement sur le devoir de neutralité et d’objectivité dont doit exciper tout secrétaire général qui se respecte.
Une chose, cela étant, reste sûre: l’ONU est devenue le terrain de pratiques politiciennes peu amènes qui plus est en contradiction flagrante avec les principes et les valeurs mêmes pour lesquels elle a été fondée le 24 octobre 1945. Une déviation dangereuse qui ne fait surtout pas honneur à cette organisation.
Qu’en pense Jeffrey Feltman ?