"Il n'y a pas de raison pour que les relations entre l’Algérie et le Maroc soient dans cet état", estime Lakhdar Brahimi, ancien ministre algérien des Affaires étrangères (1991-1992), en réponse à une question de "Jeune Afrique" sur "ce qui pourrait réchauffer les relations entre Alger et Rabat".
Cette position constructive et, donc, louable ne comporte toutefois aucune nouveauté. Le diplomate algérien n'a eu de cesse d'appeler depuis vingt ans déjà à la réouverture de la frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie, préalable à une normalisation, tant espérée, des relations entre les deux poids lourds du grand Maghreb. Mais le contexte dans lequel elle a été réitérée est particulier, d'autant plus qu'elle intervient au lendemain de l'appel adressé par le Roi Mohammed VI, à l'occasion du 43è anniversaire de la Marche verte, célébré le 6 novembre dernier, pour l'instauration d'un mécanisme de "dialogue franc et direct" avec Alger pour une remise à plat de tous les différends bilatéraux.
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Évoquant l'offre royale, autant que "le message très chaleureux du président Bouteflika au Roi il y a quelques jours...", l'ancien SG adjoint de l'ONU (et de la Ligue arabe) y voit certes des prémices de réchauffement. "Mais, ce n'est pas moi qui vais répondre à la place d'Alger", a-t-il relevé.
Le diplomate algérien marque ainsi de manière subreptice sa désapprobation par rapport à l'attitude d'Alger, qui n'a jusqu'ici pas répondu officiellement à l'offre royale audacieuse et sincère pour tourner la page des litiges persistants entre les deux pays voisins, via l'instauration d'un mécanisme politique de dialogue, sans intercession d'aucune tierce partie.
N'empêche, la déclaration de Lakhdar Brahimi, quoiqu'elle comporte un aveu d'impuissance, a le mérite de remettre au-devant de la scène une initiative royale historique et résolument tournée vers l'avenir. Espérons qu'elle fera bouger les eaux dormantes du côté d'Alger, qui ne peut indéfiniment continuer d'insulter l'avenir, le sien propre, celui de deux pays que tout unit et celui généralement du "Maghreb des peuples".