Nizar Baraka: "Il nous faut un choc de confiance"

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L'année 2014 s'annonce chargée pour le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Entretien.

Le 13/12/2013 à 08h30

Le360 : Quels ont été les échos suite à la publication du rapport virulent du CESE sur la santé de base?

Nizar Baraka : Tout d’abord, le rapport du CESE souligne que de nombreux paliers ont été franchis par notre pays concernant l’accès à la santé de base. Il reste plusieurs défis à relever pour permettre à l’ensemble des citoyens sur l’ensemble du territoire un meilleur accès aux services de santé de base. Les échos ont été positifs car, tout d’abord, le diagnostic établi par le CESE est quasi-unanimement partagé par l’ensemble des acteurs y compris par le gouvernement qui nous a chargé d’établir cette étude. Il y a eu, le soir même, de la présentation du rapport à la presse, une réunion de restitution avec les professionnels du secteur, les ordres et les syndicats, et tous ont exprimé leur adhésion aux recommandations. D’ailleurs, les ministres de la Santé et de l’emploi ont pris part à cette rencontre.

Bien que commandés par l’Exécutif, en quoi ces rapports peuvent-ils être utiles, s’ils restent dans les tiroirs?

Le CESE est une force de propositions et nous sommes une institution constitutionnelle qui a pour objet d’éclairer le gouvernement et les deux Chambres du Parlement par des avis et des rapports à leur demande ou à travers des auto-saisines. Le conseil élabore donc des recommandations que le gouvernement ou le Parlement prennent en considération dans leurs rôles exécutif ou législatif. Grâce à la diversité et à l’expertise de nos membres et à notre méthodologie basée sur la participation et l’analyse, nous nous penchons sur des thématiques en proposant des solutions, à partir de diagnostics précis et de séances d’écoute élargies.

Quel va être votre prochain rapport?

Outre le rapport de conjoncture annuel du CESE, le plan d’action du conseil pour 2014 portera sur plusieurs thématiques, dont notamment la cohérence des politiques sectorielles, les accords de libres échanges et leurs impacts sur l’économie nationale, l’économie sociale, solidaire et le développement durable et le rôle de l’école dans la construction culturelle.

Qu'est-il advenu de votre rapport sur le développement socioéconomique dans les provinces du sud?

Il a été remis au gouvernement, au Parlement et aux autorités locales. Nous sommes heureux de constater que certaines recommandations sont déjà en cours d’exécution ou suivent le chemin législatif. Le port de Boujdour est entré en activité. Le chantier de la zone industrielle de Laâyoune a été entamé et des accords sur le tourisme ont été signés. Un plan d’infrastructures verra le jour en 2014. Tout cela entre dans la vision du CESE, mais il est important de souligner que la vision du conseil a aussi été construite autour de projets en cours de réalisation ou programmés. Le plan sur le développement du Sahara est l'affaire de tous.

Quel regard portez-vous sur le Maroc de 2014?

Les véritables enjeux sont maroco-marocains. Des réformes s’imposent comme celles de la Caisse de compensation qui a déjà été entamée ou celle du régime de retraite qui fait aujourd’hui l’objet d’une large concertation. Mais la plus importante réforme est celle de la régionalisation avancée. Notre pays a, aujourd’hui, plusieurs opportunités pour accélérer son rythme de développement. Il faut se mobiliser pour relever ces ambitieux défis à travers un choc de confiance grâce, notamment à des contrats économiques et sociaux de nouvelle génération.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 13/12/2013 à 08h30