Mouhtade: «Les salafistes jihadistes sont indomptables»

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Revue de presseKiosque360. Abderrahim Mouhtade, président de l’Association Annassir pour la défense des détenus islamistes, explique dans une interview à Assabah que le repentir est impossible chez les salafistes jihadistes, que le PJD a également échoué à instrumentaliser.

Le 15/03/2017 à 00h07

Abderrahim Mouhtade, ancien cadre de la Chabiba Islamiya deux fois condamné à mort, est président de l’Association Annassir pour la défense des détenus islamistes. Il connaît sur le bout des doigts le dossier des salafistes jihadistes qu’il avait accompagnés entre 2003 et 2012, ainsi que leurs familles.

Dans une interview à Assabah pour son édition de ce mercredi 15 mars, il explique ainsi que la notion de repentir est quasiment inexistante chez les salafistes jihadistes. Il en veut pour exemple un groupe de salafistes qui étaient avec lui au sein de l’ONG Annassir et qui ont fini par rejoindre Daech. Il s'agit notamment de Brahim Benchekroune, Anas El Haloui, Mohamed El Alami, Brahim Abrouk et la célèbre Fatiha Mejjati.«Cela prouve que leurs positions extrémistes n’ont pas changé. Nous avons une lecture politique alors qu’eux sont têtus, ce qui a facilité leur recrutement dans des zones de conflit. C’est pourquoi j'ai décidé de ne plus faire mien leur dossier, car ce serait cautionner leurs orientations», explique Abderrahim Mouhtade qui considère que le dialogue avec cette catégorie de salafistes, qui ne savent pas se remettre en cause, est peine perdue.

Abderrahim Mouhtade rappelle, par ailleurs, les cas de chioukh qui, après avoir revu leur position, ont été carrément excommuniés, comme Mohamed Fizazi, Omar Haddouchi, Hassan Kettani et Abou Hafs, entre autres. Il revient aussi sur les raisons qui l’avaient poussé, en 2012, à suspendre les activités de son ONG, Annassir. L’une des principales raisons: la mutinerie, en 2012, des salafistes à la prison de Salé (Zaki), la plus violente, en plein Printemps arabe. «J’était en contact avec eux pratiquement chaque minute pour leur dire que leur mutinerie ne mènerait à rien et nuisait à leur cause. Ils n’ont rien voulu entendre et les forces de sécurité sont intervenues», se remémore Abderrahim Mouhtade.

Il en arrive aussi, dans la même interview, à évoquer la tentative du PJD de récupérer les salafistes. «Le PJD a essayé d’exploiter le dossier des salafistes, mais ces derniers ne sont pas domptables», déclare Abderrahim Mouhtade qui rappelle que, avant la célèbre interview du roi Mohammed VI à El Pais en 2005, personne, ONG comme partis politiques, ne voulait faire sienne la cause des salafistes.

Par Abdeladim Lyoussi
Le 15/03/2017 à 00h07