Le chef de fil du PPS, ancien ministre, n’apprécie pas la tournure qu’a pris le débat sur la réforme du Code de la famille. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Al Ayyam, publié dans l’édition actuellement en kiosque, cet ancien allié du PJD livre le fond de sa pensée sur la question.
«On peut accepter la polémique autour de ce sujet, mais pas la personnalisation du débat. Il est intolérable que les positions des uns soient déformées par les autres pour étayer leur argumentaire. Cela au point d’excommunier et de qualifier de traître ou même d’apostats ceux qui défendent une approche moderniste et démocratique dans le cadre de ce que permet, bien sûr, la Constitution», assène-t-il.
Nabil Benabdellah appelle les participants au débat à respecter l’autre. Le PPS, au même titre que les autres formations de gauche, a fait des propositions, progressistes certes, mais conformes à la Constitution. En même temps, il ne peut accepter les interprétations réductrices de l’islam sur la question.
De toutes les manières, estime le secrétaire général du PPS, seule Imarat Al Mouminine a la légitimité de parler au nom de la religion sur de tels sujets. C’est ainsi, souligne Benabdellah, qu’aujourd’hui, en 2024, son parti et un pan de la société ne tolèrent plus le mariage de mineures de moins de 18 ans, parce que leur place est sur les bancs de l’école. Le parti exige également que l’on fasse un bond en avant en matière de polygamie, qui n’est plus acceptable dans notre société, parce qu’elle est contraire au principe d’égalité défendu par l’Islam même.
De même que du point de vue des ex-communistes, la tutelle légale doit être partagée entre les deux conjoints, selon les capacités et les conditions de chacun. La configuration actuelle empêche des femmes titulaires de hauts postes à responsabilité d’inscrire leurs enfants à l’école ou de faire établir des documents administratifs les concernant. Ceci ne doit plus faire partie de notre quotidien.
Bref, dans cette interview publiée par Al Ayyam, le secrétaire général du PPS a passé en revue les positions de son parti sur plusieurs dispositions du Code de la famille, comme celle qui concerne le divorce, la création d’une instance de médiation familiale, la communauté ou la séparation des biens, la garde des enfants.
Concernant la question de l’héritage, Nabil Benabdellah a tenu à lever toute équivoque sur la position de son parti. Contrairement à ce que certaines parties laissent entendre, dit-il, le PPS comme d’ailleurs un certain nombre d’organisations féminines, estiment que le cas de «taâsib» n’a plus lieu d’être dans notre société. D’ailleurs, affirme-t-il, cette pratique n’a aucun fondement dans la religion.
Toujours dans ce cadre, le parti a également appelé à élargir le champ de l’application du testament. Le hadith qui veut que les héritiers ne soient pas bénéficiaires du testament n’est pas fondé, dit-il, précisant que plusieurs écoles de Fikh n’en tiennent pas compte.
Le PPS défend une famille constituée de deux conjoints unis par l’acte légal du mariage. Pourtant, certaines parties ont trouvé le moyen de les dénaturer: «A ceux-là je dis, contentez-vous de défendre vos opinions et vos positions, c’est votre droit. Et en même temps, respectez le droit des autres à émettre et défendre les leurs», a-t-il affirmé.
Le quotidien a fait allusion à des critiques virulentes du PJD à l’encontre de ses anciens alliés du PPS. Pour réponse, Benabdellah a tenu à rappeler que le Maroc a ratifié le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDAW), au moment où le PJD dirigeait le gouvernement et que son actuel secrétaire général, Abdelilah Benkirane, était chef de l’Exécutif.