Médicaments. Délit d’initié, licence d’importation: les griefs de l’opposition, le silence du gouvernement

Le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, auditionné à la Chambre des représentants le 19 novembre 2025 (Y.Mannan/Le360).

Le 19/11/2025 à 16h26

VidéoAuditionné à la Chambre des représentants, le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, a assuré que les importations de médicaments s’effectuent dans le strict respect de la loi. Une déclaration qui ne dissipe pas les doutes de l’opposition, décidée à réitérer sa demande de création d’une commission d’enquête parlementaire.

Le ministre de la Santé s’est présenté, ce mercredi 19 novembre, devant la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants, en application de l’article 131 du règlement intérieur de cette institution. Cette audition parlementaire s’inscrit dans un climat de forte tension politique, sur fond d’accusations de conflit d’intérêts liées à la commercialisation de certains médicaments.

À l’origine de la controverse, les déclarations du député Abdellah Bouanou, qui a mis en cause deux membres de l’Exécutif – les ministres de la Santé et de l’Éducation – les accusant d’avoir été impliqués dans un possible conflit d’intérêts autour du Chlorure de potassium (KCl), un médicament indispensable en réanimation, chirurgie et anesthésie, dont la disponibilité est cruciale pour la stabilisation des fonctions vitales des patients. Ces allégations ont rapidement été relayées par l’opposition, conduite notamment par le Mouvement populaire (MP), le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui ont dénoncé de «prétendus conflits d’intérêts» et brandi la menace de recourir à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.

Face à cette offensive politique, le gouvernement a choisi d’activer les mécanismes prévus par le règlement intérieur de la Chambre des représentants, qui lui permettent de présenter officiellement sa version des faits. Lors de son intervention, Amine Tahraoui a recentré le débat sur la réforme structurelle du secteur de la santé et sur la légalité des procédures d’importation des médicaments, en confiant au directeur de l’Agence nationale des médicaments le soin d’apporter des précisions techniques détaillées sur les opérations d’importation et de fixation des prix.

Les travaux de la commission ont toutefois peiné à démarrer, la majorité et l’opposition s’étant longtemps opposées sur la procédure à suivre, révélant en creux la sensibilité politique du dossier et les enjeux institutionnels qu’il cristallise. L’affaire, désormais portée sur la scène parlementaire, demeure ouverte.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 19/11/2025 à 16h26