Des centaines de Marocains, travaillant régulièrement en Algérie depuis plusieurs décennies pour nombre d’entre eux, et y ayant laissé biens et familles, ont été empêchés ces derniers jours, par les autorités tunisiennes, de regagner leur lieu de travail et de résidence en Algérie.
Ces ressortissants marocains, en situation parfaitement régulière, étaient pour la plupart de retour de vacances en Tunisie ou devaient transiter par l’aéroport de Carthage, en provenance d’autres pays dont le Maroc, pour regagner l’Algérie. Pour rappel, le régime algérien a fermé son espace aérien au Royaume, ce qui a conduit à la suspension des vols directs entre les deux pays.
A travers des vidéos diffusées depuis l’intérieur même de l’aéroport de Tunis-Carthage, certains Marocains affirment qu’ils sont au nombre de 400 à avoir rempli leurs formalités pour retourner en Algérie, mais qu’ils sont bloqués sur les lieux, sans nourriture, depuis plusieurs jours. La seule réponse qu’ils ont eue des autorités tunisiennes est qu’ils doivent prendre attache avec le consul marocain pour débloquer leur situation.
Si les autorités marocaines sont effectivement intervenues pour tenter de régler diplomatiquement ce problème, les autorités tunisiennes ont été obligées de réagir face au flot d’informations relayées par les médias et réseaux sociaux tunisiens et marocains et faisant état d’un «blocage» inamical, voire une «détention» délibérée de citoyens marocains, depuis plusieurs jours, à l’aéroport de Tunis-Carthage.
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Une voix autorisée du ministère tunisien des Affaires étrangères a ainsi reconnu, mardi dernier, que ce blocage est dû au fait que «le pays de destination des ressortissants marocains (l’Algérie, NDLR) a refusé de les accueillir, ce qui a contraint la compagnie aérienne (Tunisair) à arrêter les processus d’enregistrement de ces voyageurs».
En empêchant de la sorte ce groupe de Marocains travaillant régulièrement en Algérie d’y revenir en toute légalité, les autorités tunisiennes ont clairement choisi de se plier aux injonctions du régime algérien, qui semble procéder à une expulsion déguisée de centaines de Marocains, à un moment où les regards du monde entier sont tournés vers le Proche-Orient.
Toujours enclin à rééditer son odieux crime de 1975 et l’expulsion manu militari de quelque 75.000 familles marocaines, le régime algérien saisit donc cette occasion pour mettre à exécution un nouveau plan machiavélique, celui de «nettoyer» l’Algérie, comme le ressassent régulièrement ses médias aux ordres, de toute présence marocaine sur son territoire.
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Malgré des propos qui se veulent rassurants, les autorités tunisiennes disent avoir «déployé tous les efforts pour faciliter le départ des personnes concernées de l’aéroport de Tunis-Carthage, malgré le fait que certains avaient dépassé la durée légale de leur séjour en Tunisie».
Mais en agissant de la sorte, la Tunisie confirme à nouveau son statut de vassal du régime algérien, car ces Marocains devaient être transportés par la compagnie aérienne tunisienne en Algérie. Et c’est aux autorités algériennes de leur refuser l’accès au territoire et non pas à leurs homologues tunisiennes d’être en service commandé.
Il faut dire que la Tunisie de Kaïs Saied n’en est pas à son premier acte de soumission au régime d’Alger. Cela s’est déjà vérifié de façon flagrante avec l’accueil inattendu que le président tunisien avait réservé, le 26 août 2022, au chef des séparatistes, Brahim Ghali, qui est devenu ainsi le premier membre du Polisario à fouler le sol tunisien.
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Dans le sillage de cette nouvelle crise intra-maghrébine déclenchée par le régime algérien, la Tunisie a dépêché, mercredi dernier, à Alger Brahim Bouderbala, président de l’Assemblée tunisienne des représentants du peuple, pour tenter de dénouer cette affaire. Mais Bouderbala a été cueilli à froid par les responsables algériens, qui lui ont tenu ce propos surréaliste: «La sécurité de l’Algérie est celle de la Tunisie.» Cette phrase montre à elle seule à quel point les dirigeants algériens considèrent la Tunisie comme un prolongement de leur pays, pour ne pas dire «une province algérienne», comme s’en est vanté le député algérien Elhouari Tigharsi.
Pour leur part, les médias algériens ont unanimement adopté un silence radio quasi total vis-à-vis de cette nouvelle manœuvre de leur régime. Une manœuvre préparée de longue date par un régime isolé et en fin de vie.