Le roi Mohammed VI a mis le doigt sur une vieille plaie du système éducatif national en ordonnant, lors du dernier Conseil des ministres, le 6 février, à Laâyoune, une révision de fond en comble des programmes et manuels d’éducation religieuse. Comme le rapporte Assabah dans son édition de ce lundi 8 février, «l’ordonnance royale» consisterait à «élaguer des programmes et autres manuels d’éducation religieuse de toutes les matières susceptibles de nourrir l’extrémisme» dans l’esprit des citoyens.
Les instructions royales ont été données lors de la présentation, par le ministre de l’Education nationale, des orientations de la politique de l’Etat concernant la vision stratégique pour la réforme de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique 2015-2030, indique Assabah.
C’est donc à un travail de remise en question que le souverain invite les autorités de tutelle, appelées à réhabiliter les valeurs de l’Islam du juste milieu, précisément le rite malékite, basé sur les valeurs de tolérance, de modération et de respect de l’autre, relève encore le quotidien qui précise que tous les établissements scolaires, publics et privés, y compris ceux de l’enseignement dispensé dans les écoles traditionnelles, sont concernés par ce travail de remise en question.
«Le souverain rouvre ainsi le débat autour des programmes de l’éducation religieuse», souligne le quotidien, faisant valoir cette initiative visant à «barrer la route à tous les mécanismes susceptibles de nourrir l’extrémisme violent, ou plus encore le terrorisme».
L'éducation religieuse est donc appelée à éliminer de ses programmes le discours anathémisant ou éradicationniste qui, faut-il le préciser, est étranger à la culture et à la civilisation marocaines, basées sur le respect de la diversité.
Dans ce sens, relève encore Assabah, «une réhabilitation de l’enseignement de la philosophie et, plus généralement, des sciences humaines, s’impose». «L’Etat pariait, depuis quelques années, sur la marginalisation de la philosophie sous prétexte qu’elle favorisait l’émergence de velléités d’opposition au pouvoir», observe le quotidien, regrettant que cela se soit fait au détriment de la vertu de la raison inféodée à la philosophie et en faveur de valeurs de repli et d’exclusion.