Lutte anti-corruption: le numéro vert est-il vraiment efficace?

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Revue de presseKiosque360. Le numéro vert mis à la disposition des citoyens pour signaler des cas de corruption ne peut suffire à endiguer le phénomène, qui ne disparaitra pas sans une volonté politique forte.

Le 31/08/2018 à 22h58

Le numéro vert mis à la disposition des citoyens par le ministère public pour dénoncer les cas de corruption a permis de mettre hors d’état de nuire certains individus sans scrupules. Mais la lutte anti-corruption demeure très difficile dans des sociétés où éthique et respect de la loi font défaut. Du coup, quelles que soient les mesures coercitives mises en place, les corrompus sont devenus tellement accros à l’argent facile qu’ils le considèrent comme un droit acquis.

Bien que le numéro vert garantisse aux dénonciateurs la confidentialité et le soutien de la justice et de la police, les citoyens demeurent très réticents, voire sceptiques quant à son efficacité. A preuve, malgré l’enracinement de ce fléau dans la société marocaine et les débats qu’il suscite dans les cafés et sur les réseaux sociaux, la dénonciation des corrompus demeure très restreinte.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du samedi 1er septembre, que le numéro vert risque de devenir un moyen de règlement de comptes si certains l’utilisent pour se venger ou diffamer des personnes désignées comme telles. Cet outil, qui sert à faire participer les citoyens à la lutte contre la corruption, aurait besoin d’un numéro magique, à savoir que l’Etat fasse preuve d’une volonté politique pour endiguer ce mal.

Car ceux qui trempent dans les magouilles et le clientélisme n’abandonnent pas si les pouvoirs publics ne sévissent pas. Le numéro magique est un produit de la société qui ne peut être efficace que si les législateurs et le gouvernement aident les organes «anticorruption» à jouir d’une indépendance totale. Pour ce faire, les responsables devront leur fournir les ressources nécessaires et le soutien politique pour qu’ils puissent lutter contre les transactions douteuses et l’abus de pouvoir.

Le directeur de Transparency international au Maghreb et au Moyen-Orient, F. Christopher, a déclaré que «les études de Transpency international ont démontré que la police et la justice sont les institutions les plus corrompues dans toutes les régions du monde. Les instances anti-corruption qui sont indépendantes peuvent les pousser à la reddition des comptes si elles bénéficient de pouvoirs d’enquête et de poursuite judiciaire».

Le Maroc dispose d’appareils, d’initiatives et de textes de loi développés pour enrayer ce fléau et empêcher les hors-la-loi de nuire. Ce faisant, le petit fonctionnaire honnête sera fier de vivre avec des moyens légaux. La corruption est un système imposé par la violence et pour la démembrer, il faut créer un séisme afin de tuer ce virus en prenant des mesures drastiques contre les ennemis de la transparence.

Par Samir Hilmi
Le 31/08/2018 à 22h58