Les raisons de la persistance d’Alger à refuser la réouverture des frontières, selon Al Moudjahid

Alger continue de s'opposer à la réouverture de la frontière terrestre avec le Maroc, provoquée par l'attentat terroriste perpétré en 1994 par deux Algériens contre l'hôtel Atlas-Asni, à Marrakech. Ici, le poste frontalier Zouj Bghal.

Alger continue de s'opposer à la réouverture de la frontière terrestre avec le Maroc, provoquée par l'attentat terroriste perpétré en 1994 par deux Algériens contre l'hôtel Atlas-Asni, à Marrakech. Ici, le poste frontalier Zouj Bghal. . dr

Pour une fois, un éditorialiste d’un journal gouvernemental algérien, El Moudjahid, avance des raisons autres que la question saharienne à la persistance de son pays à maintenir fermées les frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc. Voyons voir!

Le 16/02/2016 à 15h04

La question de la frontière maroco-algérienne terrestre fermée depuis vingt-deux ans revient au-devant de l'actualité. Dans un éditorial du quotidien gouvernemental «El Moudjahid», le Maroc est accusé de «ne rien proposer de concret» pour sa réouverture.

«Rien de concret», croit savoir le quotidien. Or, qu’est-il demandé «de concret» au Maroc pour tourner cette page ? A toutes fins utiles, il faut bien noter que la question saharienne, véritable serpent de mer des relations algéro-marocaines, est pour une fois éludée de l’argumentaire d’El Moudjahid.

Il paraîtrait qu'il y aurait d’autres raisons bien plus problématiques que le dossier saharien. «Tant que le Makhzen ne répare pas cette injustice envers les nombreux ressortissants algériens qui ont été spoliés de leurs biens et expropriés de leurs terres, tant qu’il ne présente pas ses excuses aux Algériens touchés dans leur dignité, tant qu’il ne cesse pas sa guerre des stupéfiants, la réouverture de la frontière terrestre ne sera jamais à l’ordre du jour», promet l’éditorialiste d’El Moudjahid.

«C’est la position officielle, et c’est la position du peuple algérien», insiste-t-il, relevant que «ce ne sont pas les rumeurs, les mensonges, les raccourcis ou les manipulations qui vont la changer, mais des engagements sérieux de régler tous les contentieux bilatéraux autour d’une table».

Dans l’argumentaire de notre confrère, on a droit à une longue tirade au sujet d’une présumée «humiliation» qui aurait été infligée par feu Hassan II à l’Algérie. «Les relations avec notre voisin ne peuvent obéir à des sautes d’humeur», a-t-il estimé.

«Or, avec le Maroc, c’est ce qui s’est passé au mois d’août 1994, alors que nous affrontions le terrorisme le plus barbare de la planète, le roi Hassan II, qui a voulu marchander notre position sur la question sahraouie en échange d’un terroriste qui a trouvé refuge chez lui, nous accuse, sans la moindre preuve, d’être à l’origine de l’attentat terroriste commis par des Franco-Marocains ayant ciblé un hôtel à Marrakech», ajoute l’éditorialiste.

"Franco-Marocains"? Voilà un "mensonge" grossier servi par "El Moudjahid", puisque comme chacun sait, l'attentat contre l'hôtel Asni à Marrakech a été perpétré par des Franco-Algériens et non des Franco-Marocains. Sinon, pourquoi Hassan II se serait-il engagé à imposer le visa aux ressortissants algériens?

«Cet incident servira même de prétexte pour maltraiter et expulser touristes et résidents algériens, et instaurer un visa d’entrée», pense l'éditorialiste, estimant que «c’est en réaction à cette humiliation que la décision de fermer la frontière terrestre a été prise». 

Que peut-on retenir «de concret» de l’éditorial de notre confrère d'El Moudjahid ? «Humiliation», voilà un terme repris comme un leitmotiv. En d’autres termes, la position d’Alger serait motivée par le sentiment de «hogra». Celle-là même que le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, avait invoquée au lendemain de la Guerre des Sables en 1963 pour rameuter les Algériens contre un voisin dont le seul «tort» est d’avoir bravement défendu ses frontières contre une incursion des troupes algériennes.

Par Ziad Alami
Le 16/02/2016 à 15h04