Ce sont peut-être les prémices d’une véritable révolution du paysage politique marocain. Les partis politiques pourront désormais fonctionner comme des entreprises privées, particulièrement sur le volet lié aux revenus qui, actuellement, sont principalement générés par les frais d’adhésion des partisans et les subventions étatiques.
Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 5 avril, en arrive à cette conclusion en se basant sur le dernier avis de la Cour constitutionnelle, qui ne s’est pas opposée aux amendements proposés à l’un des articles de la loi organique relative aux partis politiques. Ces changements introduisent, en effet, de nouvelles sources de revenus pour les formations politiques, comme l’exploitation des biens immobiliers dont elles disposent. En d’autres termes, les nouvelles dispositions autorisent tout parti à acquérir des biens afin de les louer et générer ainsi plus de revenus.
Selon les sources du journal, ce genre d’approche aurait déjà été initié. La publication rapporte, à ce propos, qu’une représentation syndicale, siégeant à la Chambre des représentants et affiliée à l'un des principaux partis politiques, a déjà fait de l’immobilier une nouvelle source de revenus. Elle a ainsi cédé son ancien siège à Rabat pour des dizaines de millions de dirhams, avant d’en construire un autre dont le rez-de-chaussée est loué à un cafetier depuis au moins 5 ans.
Un autre parti, également représenté sous la coupole, a fait de même en louant deux étages de son nouveau siège à Hay Riad, à Rabat, à un partisan opérant dans le trading boursier qui y a installé son bureau, tout en reversant des revenus locatifs au parti.
Cette tendance ne devrait vraisemblablement pas s’estomper, vu que l’amendement de la loi organique autorise non seulement ce type de revenus, mais permet également aux partis politiques de créer des entreprises en bonne et due forme, notamment des entreprises opérant dans les domaines de la communication et du digital. Ces dernières devront, certes, avoir pour mission principale de servir les intérêts du parti, mais rien ne les empêche de diversifier leurs activités afin de dégager des revenus.
Autre bonne nouvelle pour les finances des formations politiques, le plafond des dons qu’elles peuvent recevoir a été revu à la hausse, passant de 300.000 à 600.000 dirhams par an et par donateur. Cela devrait, sans nul doute, réduire la dépendance des partis politiques vis-à-vis des subventions publiques qui, rappelons-le, sont supportées par les contribuables Avec les nouvelles sources de revenus autorisées, les partis ont toutes les cartes en main pour avoir une situation financière confortable.