Une nouvelle partie de bras de fer s’annonce entre les magistrats et le ministère de la Justice et des Libertés. «Une action sans précédent: les juges du royaume créent une coalition nationale des associations professionnelles de justice pour lutter contre les entraves faites à leur travail et leur liberté», rapporte ainsi Assabah dans sa livraison de ce vendredi 22 mai.
Selon la même source, «l’assemblée constitutive de cette coalition, dont les travaux se sont poursuivis jusqu’à une heure tardive mercredi soir dernier, a regroupé le Club des magistrats du Maroc, l’Amicale hassanienne des magistrats et l’Association marocaine des femmes magistrats».
Une véritable levée de boucliers, donc, au sein du corps de la magistrature. Levée de boucliers contre «une tentative de battre en brèche le principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire, tel que stipulé par le nouveau texte constitutionnel plébiscité par le peuple marocain lors du référendum du 1er juillet 2011».
Contacté par Assabah, le président de l’Amicale hassanienne, Abdelhak Al Abbassi, a regretté l'attitude de certaines «parties» qui tentent d'imposer une sorte de «tutorat» sur le pouvoir judiciaire en le concentrant entre les mains du Conseil supérieur de la magistrature. D’où ce sursaut chez le corps de la magistrature, aujourd’hui organisé sous la bannière d’une Coalition nationale regroupant plusieurs corporations professionnelles. «Le rôle de ce bloc consiste, d’abord, à défendre le principe de l’indépendance de la Justice, conformément à l’esprit et à la lettre de la nouvelle Constitution», explique le premier responsable de l’Amicale hassanienne des magistrats, Abdelhak Al Abbassi.
Evoquant les acquis du nouveau texte constitutionnel, Abdelhak Abbassi déplore un «recul» durant les derniers mois. Recul qui trouverait notamment son explication dans la dernière mesure restreignant l’accès au métier d’avocat à l’âge de 55 ans.
Pour sa part, la présidente de l’Association marocaine des femmes magistrats, Aïcha Naciri, aurait confié à Assabah que le texte constitutionnel du 1er juillet 2011 n’avait pas été mis en œuvre correctement. Et de dénoncer, de même, certaines manœuvres visant à maintenir le pouvoir judiciaire sous la tutelle du ministère de la Justice, en le privant de toute autonomie administrative et financière.
Même son de cloche chez Abdellatif Chentouf, membre du Club des magistrats du Maroc. Pour ce dernier, les projets de loi organiques élaborés par l’actuel Exécutif constitueraient une «régression» par rapport à la Constitution de 2011. «Ces projets de loi ne vont pas dans le sens de l’indépendance de la Justice, puisque l’administration, tout comme les finances, restent entre les mains du ministère de tutelle », déplore-t-il.