Les leçons algérienne et marocaine

En guise de rejet des législatives, les Algériens ont détruit, ce samedi 12juin 2021, de nombreuses urnes et saccagé des bureaux de vote.

En guise de rejet des législatives, les Algériens ont détruit, ce samedi 12juin 2021, de nombreuses urnes et saccagé des bureaux de vote. . DR

Revue de presseKiosque360. Les Algériens ont boycotté les législatives du 12 juin. Le pouvoir en place, qui leur avait promis le changement, n’a pas tenu sa promesse. Ils ont donc réagi à leur façon. Une leçon à retenir par certains de nos politiciens qui seraient tentés de servir aux électeurs le même discours qu’il y a cinq ans ou même dix ans.

Le 13/06/2021 à 19h43

En Algérie, la réponse des algériens de la junte militaire au pouvoir a été éclatante. Une abstention record. Le voisin de l’Est a enregistré le plus faible taux de participation aux élections de ces vingt dernières années, commente le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 14 juin. Plus de 70% des Algériens ont boycotté, en effet, ces élections qui se sont déroulées en pleine crise politique et carrément sous les coups de feu. En d’autres termes, officiellement, sur les 24 millions d’électeurs que compte le pays, à peine 7 millions se sont rendus aux urnes, sachant que, dans ce pays, l’armée vote aussi. Même jugé trop faible, le taux de participation, qui est quand même considéré comme un facteur clé de la crédibilité des élections, est largement contesté. Comment se fait-il, s’interroge un membre de l’autorité nationale chargée des élections, que ce taux, qui n’était que de 4% à 16h, soit passé d’un seul coup à 16% trois heures plus tard pour atteindre 30% à la fermeture des bureaux de vote? Pour ce responsable, le chiffre officiel du taux de participation ne reflète qu’une seule réalité. Une réalité au demeurant aussi criarde qu’amère, qui veut que le peuple algérien a boycotté ces élections de façade organisées par le pouvoir en place pour donc donner naissance à des institutions sans aucune légitimité. 

La dure réalité, poursuit le membre de l’autorité chargée des élections, est que le taux de participation ne dépasse pas 4% et qu'il a été réalisé en grande partie à... Tindouf. Décidément, note-t-il, «l’Algérie est un pays de miracles». Il faut dire, écrit le quotidien dans l’édito de la même édition, que la leçon du boycott des législatives du samedi 12 juin a été très sévère pour le président Abdelmajid Tebboune. C’est aussi une leçon tout aussi sévère pour le chef de l’armée qui contrôle tout dans ce pays, ainsi que pour tous ceux qui ont voulu se payer la tête des Algériens en voulant leur vendre l’idée d'«une Algérie nouvelle». Au peuple algérien, poursuit l’éditorialiste, on a voulu faire comprendre que la pièce théâtrale du «cinquième mandat» avait pris fin dès le moment où une personne sortie de nulle part avait été portée à la magistrature suprême du pays. Ce n’est pas le cas. En réalité, celui qu’on a fait élire président de la république, ajoute l’éditorialiste, n’est qu’une autre marionnette entre les mains des généraux. Une «poupée», comme le désigne la chanson populaire devenue l’hymne de la contestation populaire qui dure depuis près de deux ans. Le 12 juin, les Algériens ont été très clairs et leur réponse a été sans appel.

Cela dit, ces législatives de samedi dernier chez nos voisins de l’Est peuvent également nous servir de leçon à nous, les Marocains, qui irons aux urnes dans moins de trois mois, le 8 septembre. Elles peuvent surtout servir de leçon à nos politiciens. Mais le Maroc est un pays intelligent, ses habitants sont dotés d’assez de bon sens pour tirer les leçons qu’il faut des élections qui viennent de se dérouler chez nos voisins. Partant de là, tous ceux qui viendront nous faire les mêmes promesses et nous tenir le même discours que la dernière fois feront mieux de s’abstenir. Ils ne feront que perdre leur temps. Les Marocains ne sont pas dupes et ne goberont pas, encore une fois, le même discours qu’il y a des années. Le Maroc et les Marocains ne sont pas prêts à perdre cinq années de plus et à renoncer à cinq ans de développement de leur pays. 

Par Amyne Asmlal
Le 13/06/2021 à 19h43