Les élections du 8 septembre vues par la presse nationale

Aziz Akhannouch, président du RNI, votant dans le quartier de Founty à Agadir, le 8 septembre 2021.  . Mhand Oubarka

Revue de presseKiosque360. De premier parti au Maroc durant les deux précédentes législatures, le Parti de la justice et du développement vient de passer de 125 députés à… 13 seulement. Une sanction-massue mais prévisible, comme s’accordent à l’analyser les journaux arabophones de ce vendredi 10 septembre.

Le 09/09/2021 à 21h34

Un nouveau jour s’est levé au Maroc ce 9 septembre. La lampe s’est éteinte et la colombe a pris son envol. C’est ainsi qu’il faut comprendre le gros titre à la Une du quotidien Assabah du vendredi 10 septembre, selon lequel Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants, vainqueur des législatives du 8 septembre avec 102 sièges, s’engage à «former un gouvernement fort». Contrairement aux deux gouvernements précédents, où se côtoyaient islamistes, libéraux, socialistes et communistes, le président du RNI a également précisé qu’il «négociera avec les partis qui partagent les mêmes principes et la même vision» en vue de constituer un gouvernement homogène.

Revenant sur la Berezina électorale du PJD, Assabah explique qu’il s’agit d’une lourde et surprenante défaite, par son ampleur, mais qu’il s’agit d’une sanction logique assénée aux «frères d’El Othmani», dont le parti est désormais «au bord du gouffre».

Cette sanction infligée par l’électorat au PJD doit surtout être considérée, selon Assabah, comme une «exception marocaine», car c’est la dynamique démocratique en cours dans le royaume qui a permis de renvoyer «ceux qui ont échoué» en vue de faire émerger les vrais promoteurs du changement. C’est dans ce même ordre d’idées que l’éditorialiste d’Assabah estime que les élections du 8 septembre 2021 méritent d’être «une référence de laquelle on peut tirer de nombreuses leçons», dont la principale n’est autre que la réconciliation du peuple marocain, surtout ses femmes et sa jeunesse, avec la chose politique. Une aspiration au changement qui a boosté le taux de participation national (quelque 51%).

«La leçon marocaine» est également le thème choisi par Al Ahdath Al Maghribia dans son billet quotidien, relevant que «ce mercredi 8 septembre, les Marocains, peuple et Etat, ont façonné l’Histoire grâce à cet art dont ils ont le secret, celui de leur manière civilisée dont les racines ont à nouveau remonté le temps afin de se revigorer et de se perpétuer».

Dans un très long dossier de 11 pages sous le titre «Leçon marocaine: la sanction (du PJD, Ndlr) et la récompense (du RNI)», Al Ahdath Al Maghribia se félicite des résultats des élections du 8 septembre. «Bon débarras», titre son éditorialiste, qui explique que si personne ne prévoyait que les «frères de Benkirane» allaient passer de plus de 120 sièges à 13 seulement, c’est que d’aucuns n’ont pas apprécié à leur juste valeur les prémices et signes annonciateurs de cette «défaite de la honte», ni jusqu’où peut aller la colère des Marocains contre les mauvais gestionnaires de la chose publique.

Cette analyse est partagée par Al Massae qui, dans un long article intitulé «Les Marocains sanctionnent le PJD», trouve même très «choquant» que le parti islamiste passe, du jour au lendemain, de la première à la 8e place sur l’échiquier partisan, sans même la possibilité de constituer seul un groupe parlementaire. Mais, précise Al Massae, c’est le désir de changement des Marocains qui a finalement gagné lors des élections du 8 septembre.

«Il n’y a plus rien à dire», conclut Al Akhbar, selon lequel les électeurs ont sèchement renvoyé du pouvoir le PJD et fait confiance au parti de la colombe, lors d’élections qui se sont déroulées dans des conditions optimales de transparence.

Le quotidien arabophone décrit un «climat funèbre dans la maison du PJD», dont le secrétaire général a présenté sa démission, comme l'y ont acculé de nombreuses voix, dont celle de son double prédécesseur, Abdelilah Benkirane.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 09/09/2021 à 21h34