Dans deux dépêches successives, publiées à moins de deux heures d’intervalle dans l’après-midi du mardi 28 décembre 2021, l’agence de presse officielle algérienne (APS) s’en prend de façon extrêmement violente à la Banque mondiale (BM). Le crime de cette institution, qui regroupe quelque 189 pays, et dont l’Algérie est membre depuis septembre1963, est d’avoir sorti, le 22 décembre courant, un rapport de quelque 60 pages sur la situation socio-économique très dégradée du pays dirigé par une junte militaire.
Dans une première dépêche intitulée «La Banque mondiale sort de son cadre institutionnel et s'en prend à l'Algérie», l’APS écrit que la BM s’est transformée «en un outil de manipulation et de propagande, en distillant des informations tendancieuses et sournoises sur la situation économique en Algérie, allant toute honte bue jusqu'à même prédire un séisme dévastateur et des perspectives obscures pour le pays».
Au lieu de sortir des chiffres ou des réalisations concrètes en vue de prendre à contre-pied le rapport de la Banque mondiale, l’APS ajoute que ce rapport vise à «ternir l'image de l'Algérie et de semer le doute parmi les Algériens, notamment après les images d'union et de communion que le pays a vécu récemment après la consécration de l'équipe nationale de football en coupe arabe-FIFA».
Mais, comme en Algérie tout est vu sous l’angle du Maroc voisin, il est également reproché à la Banque mondiale d’évoquer «la pauvreté en Algérie, au moment où elle passe sous silence la situation de précarité alarmante, voire dangereuse et suicidaire, sévissant dans un pays voisin de l'ouest de l'Algérie».
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C’est ainsi que dans une seconde dépêche, publiée moins de deux heures plus tard, et intitulée «Rapport erroné de la BM: une tentative de déstabilisation de l'Algérie», l’APS reformule ses accusations contre l'institution financière qui s’attaquerait de «manière maladroite et gratuite à l'Algérie où elle prédit un séisme économique, compte tenu, croit-elle savoir, de la vulnérabilité du pays en termes d'exportations».
Qualifiant l’Algérie de pays où tous les chiffres sont «au vert», qui connaît une «embellie» et une «forte croissance», le porte-voix de l’appareil militaro-politique, qui ne cite à aucun moment les sources qui lui ont dicté ces allégations, en arrive à son objectif principal: attaquer le Maroc.
«Et pourtant, la pauvreté a une adresse dans la région. Mais, la BM n'en parle pas, il n'est pas question de rapporter des vérités et donner les vrais chiffres de la pauvreté au Maroc. Il faut protéger ce royaume du mal et de la misère chuchoté (chouchouté, Ndlr) par les patrons de l'institution de Bretton Woods», écrit encore l’APS.
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Occultant la ruée massive des Algériens vers l’Europe fuyant la pauvreté dans leur pays, mais aussi le paquet des récentes mesures draconiennes et impopulaires ayant frappé de plein fouet le pouvoir d’achat des Algériens, comme la forte dévaluation du dinar, ou les restrictions aux importations qui ont créé des pénuries de produits de grande consommation, les médias algériens se sont lâchés avec une violence inouïe contre la Banque mondiale. Cette dernière serait au service d’un agenda et soumise à des lobbies, qui l’instrumentaliseraient pour porter atteinte à l’Algérie. Ce rapport, qui sort pourtant chaque année et qui fait état de la situation de chaque pays membre de la Banque mondiale, est finalement qualifié d’«immixtion flagrante» dans les affaires algériennes, et de «tentative de déstabilisation» de ce pays.
Les attaques violentes et enragées du régime algérien contre la Banque mondiale apportent une preuve supplémentaire de l’hystérie qui prévaut comme mode de gouvernance dans ce pays. Le Maroc est évidemment derrière tout ce qui fâche la junte. Même un rapport, fondé sur des données rationnelles, émanant de l’une plus grandes institutions financières de la planète, est un prétexte pour déverser une haine pathologique contre le Royaume. Les dirigeants algériens, qui offrent un spectacle consternant à toutes les chancelleries internationales, ont perdu le sens de la mesure. Il faut s’attendre à tout de la part d’un pays dont les dirigeants sont incapables de garder leur sang froid.