Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui a été soumis au roi et vient d'être publié, brosse un tableau inquiétant de la situation économique du pays. En effet, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 2 janvier, l’activité économique a connu un ralentissement en 2018, l’économie nationale continuant de pâtir de faiblesses structurelles qu’il conviendrait de résorber. Cette année, poursuit le quotidien, a également été caractérisée par un climat social tendu, reflété par les manifestations qui ont eu lieu dans certaines régions du pays.
Ainsi, en 2018, l’évolution des équilibres macroéconomiques a été mitigée. En effet, l’exercice 2018 a été marqué par un creusement du déficit du compte courant qui a atteint 5,9% du PIB, en aggravation de 2,4 points par rapport à 2017. De même, le déficit budgétaire a augmenté légèrement à 3,7% du PIB, contre 3,6% un an auparavant. Pour sa part, la dette du trésor s’est établie à 65,3% du PIB, au lieu de 65,1% un an auparavant, alors que le ratio de la dette publique totale est passé de 82% en 2017 à 81,4% en 2018.
Par ailleurs, relève le rapport repris par le quotidien, la structure de l’économie nationale n’est pas sans impact sur le degré de l’inclusion économique des citoyens. Ainsi, en termes de capacité de création d’emploi, l’année 2018 a été caractérisée par la création nette de 122.000 emplois et un recul du taux de chômage à 9,8%. Il convient toutefois de rappeler qu’une part significative des emplois créés demeure précaire et faiblement rémunérée et que la baisse du taux de chômage, qui reste élevé parmi les jeunes et les diplômés, s'explique en partie par le repli du taux d’activité.
Sur le plan social, le secteur de l’éducation continue de pâtir de difficultés structurelles, dans un contexte où l’école est de plus en plus pointée comme l’un des facteurs majeurs d'amplification des inégalités sociales. La réforme du secteur se poursuit, mais se caractérise par des difficultés de mise en œuvre liées principalement à la gouvernance du système. Parmi celles-ci, il y a lieu de citer un début de généralisation de l’enseignement préscolaire sans feuille de route claire concernant la formation des éducateurs, ainsi que la transition de l’ensemble des établissements préscolaires vers un système moderne et unifié.
De plus, le recrutement des enseignants dits contractuels et relevant des AREF, sans formation effective aux métiers d’éducation et de formation, constitue également l'une des manifestations du déficit de gouvernance qui caractérise le secteur. Concernant le secteur de la santé, le rapport constate que la généralisation de la couverture médicale a atteint 66% à fin 2018 contre contre 60% en 2017, dont le Ramed couvre 31% et l'AMO 35%.
Néanmoins, des catégories sociales continuent d’être exclues de la couverture médicale en raison du retard accusé dans la mise en œuvre effective de la couverture médicale pour les indépendants. De plus, les deux systèmes, AMO et RAMED, souffrent d’insuffisances liées à leur architecture et à leur gouvernance. De même, en dépit des avancées réalisées en matière de généralisation de la couverture médicale, l’accès des citoyens aux soins de santé reste inégalitaire. Ainsi, malgré les efforts consentis en matière de couverture territoriale des centres de soins primaires, près de 20% de la population se trouve à plus de 10 km du centre de santé le plus proche.
S'agissant de l'accès au logement, poursuit le quotidien en reprenant toujours une partie de ce rapport, les réticences exprimées par les habitants concernés par le relogement dans le cadre du programme «Villes sans bidonvilles» nécessitent de faire évoluer la politique de logement social et de lutte contre les bidonvilles, pour prendre en considération les impératifs de proximité par rapport aux centres pourvoyeurs d’emplois, de mobilité et de présence des lieux de vie et de culture. Il y a également lieu de reconsidérer la qualité de l’offre d’habitat construit destiné au relogement, qui constitue encore un frein à l’adhésion des habitants et à la réussite des programmes d’habitat social et de lutte contre les bidonvilles.









