Sans surprise, un communiqué de la présidence algérienne, relayé par l'agence de presse APS, annonce la rupture du contrat lié au gazoduc Maghreb-Europe qui relie l'Algérie à l'Espagne en traversant le Maroc.
"Au regard des pratiques à caractère hostile du Royaume marocain à l'égard de l'Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l'unité nationale et après consultation du premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, du ministre de l'Energie et des Mines, le président de la République a donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l'effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat", a indiqué, ce dimanche 31 octobre 2021, un communiqué de la présidence algérienne.
Lors d'une visite éclair à Alger, mercredi 27 octobre dernier, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, aura finalement compris à quel point le régime algérien était profondément engagé dans une spirale de haine envers le Maroc, quitte à y perdre des clients et de l’argent.
La décision algérienne va obliger le Maroc à établir une stratégie de sécurité énergétique pérenne. «Nous savons maintenant que nous ne pouvons pas compter sur un partenaire non fiable, encore plus quand il s’agit de dossiers à caractère stratégique. A travers cet acte de sabotage, le régime algérien nous aide aujourd’hui à s’affranchir et à repenser de manière fiable notre vision stratégique dans un cadre de coopération régionale plus solide», a ainsi expliqué, il y a quelques jours, interrogée par Le360, une source proche du dossier.
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L’Espagne, qui n’a toujours pas de visibilité sur l’évolution future de son approvisionnement en gaz algérien, saura ainsi mesurer l’irrationalité d’un régime qui agit à rebours de ses intérêts. Avec sa décision d’interrompre unilatéralement les livraisons de gaz via le GME, l'un des rares exemples pourtant fonctionnels d'une coopération régionale, qui a su montrer son efficacité tout au long d'un quart de siècle, Alger entend aujourd’hui imposer à Madrid une solution alternative totalement inadaptée, irrationnelle et contraire à toute logique économique.
«Nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs stratégiques en comptant sur un régime fou. L’affaire du gazoduc n’aura aucun impact sur le Maroc. S’il le faut, les adaptations nécessaires seront apportées et elles sont sur la table depuis lontemps», avait expliqué notre source marocaine.
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En lieu et place du GME, Alger entend en effet désormais acheminer son gaz via Medgaz, reliant directement Hassi R’mel à Almeria, au sud de l’Espagne, alors que ce gazoduc est d’une capacité limitée, évaluée à 8 milliards de mètres cubes par an, contre plus de 13,5 milliards de mètres cubes annuels pour le GME.
Dans une interview télévisée diffusée le dimanche 3 octobre dernier, le président algérien a annoncé, que son pays allait mobiliser une flotte de méthaniers, transportant du gaz liquéfié, pour compenser les quantités manquantes qui étaient livrées via GME. Une solution qui laisse sceptiques tous les experts. Les prochains mois nous diront qui va davantage souffrir de l'arrêt du GME: le Maroc ou l'Algérie?