Ce samedi 10 octobre, le président algérien Abdelmadjid Tebbounea prononcé, dans le cadre de sa campagne pour le référendum constitutionnel du 1er novembre prochain, un discours devant les officiers de l’armée au ministère algérien de la Défense. Bien évidemment, la question du Sahara, que l’organe de presse de l’armée algérienne, El Djiech, vient de qualifier de «cause sacrée de l’Armée nationale populaire», a été a abordée par le président algérien.
D’ailleurs, le média appartenantà l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar, un général à la retraite condamné dans son pays et en fuite en Espagne, rapporte que «les officiers supérieurs de l’ANP ont applaudi au moment où le président Tebboune réitérait le soutien indéfectible de l’Algérie à la cause sahraouie. Le message était clair… La cause sahraouie est une ligne rouge qu’Alger ne permettra pas au Maroc de franchir quelle que soit la conjoncture».
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Et qu’a dit Tebboune pour mériter une telle salve d’applaudissements de la part des hauts gradés de la grande muette? Rien d’autre qu’une répétition, à la virgule près, de ce que l’on a toujours entendu de la bouche des dirigeants algériens qui se sont succédé à la tête de ce régime militaire, depuis Houari Boumédiène jusqu’à Abdelmadjid Tebboune.
En effet, selon les propos rapportés par l’agence de presse de l’Etat algérien (APS), Tebboune a appelé, devant un parterre de militaires, à «l'application des décisions de l'ONU afférentes au dossier du Sahara occidental concernant l'organisation d'un référendum d'autodétermination, reporté depuis près de trois décennies, la nomination dans les plus brefs délais d'un Envoyé du Secrétaire général de l'ONU et la relance du processus de négociations entre les deux parties au conflit». Et de tonner: «le référendum d'autodétermination constitue l'unique issue».
Cette attaque en règle contre le Maroc intervient au lendemain de celle que le régime algérien a ordonné au chef du Polisario de lancer contre le secrétaire général de l’ONU. Selon une dépêche de l’APS, datée du vendredi 10 octobre, Brahim Ghali a qualifié le dernier rapport d’Antonio Guterres sur le Sahara de «réducteur». Le chef de l’ONU est même accusé de mentir, car son rapport ne «reflète pas la réalité» aux yeux du patron du Polisario. Allant encore plus loin, l’accusation de mensonge à l’égard d’Antonio Guterres devient plus précise quand il lui est reproché d’avoir écrit dans son rapport que «la situation au Sahara est calme». Pour l’APS, la situation dans la zone tampon d’El Guerguerat… est loin d’être calme du fait des «actions déstabilisatrices du Maroc» !
Taxant aussi la Minurso, mission des Nations Unies pour la surveillance du cessez-le-feu au Sahara, de «spectateur», Brahim Ghali a redit que le «Polisario ne s’engagera dans aucun processus qui ne soit pas conforme à l’organisation d’un référendum».
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Finalement, Tebboune est le seul, avec le Polisario, à continuer de réclamer l'organisation d'un référendum, alors que le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU n'y fait pas référence une seule fois et que toutes les résolutions du Conseil de sécurité, ces dernières années, ont enterré l’option référendaire, au demeurant impossible à réaliser.
La énième sortie du président algérien contre le Royaume du Maroc a été orchestrée pour laisser croire qu’il existe un consensus entre la présidence et l’armée sur le dossier du Sahara. Cette mise en scène, oiseuse, n’apporte rien de neuf. L’actuel chef d’état-major de l’armée algérienne, Said Chengriha, avait qualifié en 2016 le Maroc d’«ennemi des Sahraouis et de l’Algérie». La revue de propagande de l’armée algérienne, El Djeich, a consacré 13 pages dans le numéro d’octobre contre la nation marocaine. Donc à qui s’adresse ce cérémonial aux accents convenus?
Très probablement aux intéressés eux-mêmes, c’est-à-dire le régime algérien et les dirigeants du Polisario. Ces derniers se retrouvent dans la posture pathétique de soliloquer. Ils fredonnent un refrain désuet, caduc, devenu inaudible pour la communauté internationale. Le show de Tebboune, avec les hauts gradés de l’armée algérienne, a au moins ce mérite de nous informer sur l’état d’esprit qui prédomine à l’est: le déni du réel.