Majorité comme opposition, tout le monde a perdu. La fameuse «bataille pour diriger le gouvernement du Mondial», ce bras de fer politique anticipé autour des législatives de 2026, vient de prendre fin avant même d’avoir vraiment commencé, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 11 août.
Peu importe désormais qui sortira vainqueur des prochaines élections, la gestion de l’énorme chantier lié à la Coupe du monde 2030 ne dépendra pas du futur chef du gouvernement, mais de la nouvelle Fondation Maroc 2030, présidée par… Fouzi Lekjaa.
La publication, au Bulletin officiel n° 7428, du dahir royal n° 1.25.54 portant promulgation de la loi n° 35-25, a clarifié la donne. Ce texte entérine la création de cette fondation, placée sous la présidence du ministre délégué au Budget et patron de la Fédération Royale Marocaine de Football.
Nommé par le Roi Mohammed VI, Fouzi Lekjaa est désormais officiellement chargé de suivre sur le terrain, coordonner et superviser l’ensemble des préparatifs des grands événements sportifs, au premier rang desquels figure le Mondial 2030, ainsi que toutes les infrastructures qui l’accompagnent, explique Assabah.
La mission de la Fondation Maroc 2030 ne se limite pas à la Coupe du monde. Elle couvre également toutes les compétitions internationales de football attribuées au Royaume par la FIFA ou la CAF jusqu’en 2030.
Son conseil exécutif réunit les représentants des ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et du Budget, ainsi que des entreprises publiques, des collectivités territoriales et, si nécessaire, d’autres institutions. Ce conseil est chargé d’évaluer l’avancement des chantiers liés aux événements sportifs, de proposer des mesures correctives en cas de retard, et de suivre les engagements pris par l’État.
Intervenant lors d’une conférence organisée à l’École nationale supérieure d’administration (ENSA) de Rabat, Fouzi Lekjaa a défendu l’idée que le Mondial 2030, comme la CAN 2025, devait laisser un héritage durable pour l’ensemble du pays, et pas seulement pour les villes hôtes, a-t-on libellé. Selon lui, l’événement sera l’occasion de moderniser massivement les infrastructures, de créer des projets de développement et de stimuler la croissance économique dans toutes les régions.
Le budget global des investissements est estimé à 150 milliards de dirhams (15.000 milliards de centimes), incluant des projets d’envergure dans plusieurs secteurs.
Concernant le transport, Lekjaa a annoncé un partenariat public-privé soutenu par un financement annuel de 1,6 milliard de dirhams jusqu’en 2030. Ce dispositif permettra de développer le réseau de train à grande vitesse et des lignes régionales reliant Casablanca, Rabat et Tanger, tout en intégrant les provinces du Sud afin de renforcer la cohésion territoriale.
Sur le plan financier, il a assuré que la stratégie adoptée ne pèserait pas sur les finances publiques. L’approche repose sur une coopération avec la Caisse de dépôt et de gestion et la Société nationale de réalisation et de gestion des infrastructures sportives, avec un objectif: amortir les coûts en vingt ans grâce à un modèle économique innovant, a-t-on encore libellé.
Dans un rare moment d’unité, les groupes parlementaires de la majorité comme de l’opposition ont exprimé, quelques jours avant la fin de la session de printemps, leur soutien unanime à la nomination de Lekjaa à la tête de la Fondation Maroc 2030. Pour eux, cette structure permet de tenir les chantiers à l’écart de toute instrumentalisation politique ou électorale, et d’assurer que la préparation du Mondial se concentrera sur la qualité, la rapidité et l’efficacité.
Le Mondial 2030 ne sera pas l’otage d’une bataille électorale. L’enjeu dépasse les querelles partisanes: il s’agit désormais de livrer un événement planétaire à la hauteur des ambitions du Royaume et de bâtir un Héritage sportif, économique et territorial, qui marquera les décennies à venir.






