Depuis la restructuration du Conseil supérieur des Oulémas en 2004, le Commandeur des croyants a veillé à ce que cette institution soit à l’abri des polarités partisanes et idéologiques entre les acteurs du champ politique et notre système institutionnel. Cette décision est on ne peut plus sage au regard de l’autorité spirituelle que ce Conseil incarne dans ses relations avec les croyants, rapporte l’éditorialiste d’Al Ahdath Al Maghribia du jeudi 7 mars.
Le Conseil a veillé à ce que ses «interventions soient axées sur les raisons qui ont nécessité sa restructuration en cernant la radicalisation religieuse et l’extrémisme violent tout en promouvant l’islam modéré du Maroc».
Dans le dahir qui fixe ses attributions le Conseil veille à «garantir la sécurité spirituelle des Marocains et à protéger les constantes religieuses de la nation qui sont incarnées par la doctrine acharite, le rite malékite et le soufisme sunnite».
Étant donné la sensibilité de ses missions et le domaine de son intervention, le statut du Conseil a fermé la porte à toute propension individuelle et à tout penchant personnel. Ses décisions et ses fatwas (consultations religieuses) sont prises à l’unanimité. C’est ainsi qu’aucun membre ne peut émettre des opinons personnelles sur ce qui pourrait être permis ou prohibé (Halal ou Haram) dans l’évolution spirituelle du Royaume.
Malheureusement, le représentant du Conseil supérieur des Oulémas auprès du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a transgressé toutes ses règles. «Il a depuis quelques jours émis son fatwa sur la compatibilité de la note diffusée par le CNDH sur les amendements de la Moudawana avec les préceptes de la loi islamique. L’homme a poussé la barre jusqu’à devenir l’interlocuteur privilégié de la presse en dissertant sur tout ce qui est permis ou interdit par la loi islamique au sein de la CNDH», affirme le journal.
L’éditorialiste d’Al Ahdath Al Maghribia souligne que la présence des représentants de certaines institutions au sein du CNDH vise à promouvoir la concertation et la coopération dans les affaires qui entrent dans le cadre de leurs prérogatives.
«Cependant, le représentant du Conseil des Oulémas a fait du CNDH un adversaire dont il n’hésite pas à le pointer de doigts dans les sites électroniques. Il est donc tout à fait normal de s’interroger sur la différence qui existe entre cette personne et tout fondamentaliste radical qui cherche le buzz sur les réseaux sociaux. Un comportement qui conforte les islamistes qui depuis quelques semaines tentent de transformer le débat serein et responsable sur les amendements de la Moudawana en un terrain de sédition et de tension sociales. Il est tout aussi regrettable que dangereux que le Conseil supérieur des Oulémas se trouve impliqué dans des tiraillements qu’il a toujours évités», souligne le quotidien.