Réagissant à une enquête judiciaire menée à ce sujet par un tribunal de Saragosse, qui a ouvert une procédure pour la commission éventuelle d'un délit de faux documents et de prévarication, Arancha Gonzalez Laya a déclaré à la radio nationale espagnole (RNE) qu’il s’agississait là d’un «vol officiel et que tous les règles ont été appliquées».
Elle a aussi expliqué: «lorsqu'un vol officiel arrive en Espagne, il suit une procédure d'autorisation qui est diplomatique. Les personnes doivent s'identifier avant d'entrer dans le vol et cela doit être notifié aux autorités diplomatiques compétentes afin de faciliter les procédures pertinentes à leur arrivée dans notre pays».
«C'est ce qui se fait dans des centaines de cas dans notre pays», a-t-elle insisté, ajoutant que lorsqu'elle se rend elle-même dans des pays tiers, cette courtoisie lui est également accordée. De même, la titulaire des Affaires étrangères a détaillé que les personnes entrant en Espagne accèdent «identifiées et avec leurs documents en règle».
S’agissant des relations avec le Maroc, et plus particulièrement le retour en Espagne de l'ambassadeur du Maroc, Karima Benyaich, qui a été rappelée pour consultations, Arancha Gonzalez Laya n'a pas voulu donner d'explications et a renvoyé le fait de faire une réponse aux bons soins des autorités marocaines.
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Un rapport envoyé par le chef général de l'aéromobilité de la base militaire, le général José Luis Ortiz-Cañavate, au juge de Saragosse, qui enquête sur l’entrée de Ghali en Espagne avec de faux documents, souligne que personne n'a contrôlé le passeport du chef du Polisario lorsqu'il est arrivé en Espagne, le 18 avril 2021, infecté par le Covid-19.
Cette procédure habituelle a été éliminée suite aux instructions émises par le département de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, à l'état-major général de l'armée de l'air espagnole. Les instructions étaient claires: les membres de l'équipage de l'avion dans lequel voyageait Brahim Ghali ne devaient pas passer les contrôles habituels de passeport et de douane exigés de tous les passagers provenant de pays situés en dehors de l'espace Schengen.
Ces instructions, qui faisaient allusion à l’arrivée d’un «patient avec un passeport diplomatique algérien» accompagné d'une autre personne, ont été transmises par l'état-major général aux responsables de la base aérienne militaire de la capitale aragonaise. Personne n'a contrôlé le passeport de Brahim Ghali lorsqu'il est arrivé en Espagne, le 18 avril, infecté par le Covid. Le chef du Polisario n'a pas non plus été obligé de passer par la douane.
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Les grandes lignes de ce rapport ont été relayées par les principaux médias espagnols dont La Razon et ABC.
Dans son rapport, le responsable militaire admet que l'identité des passagers qui sont arrivés dans l'avion dans lequel voyageait Brahim Ghali était inconnue, puisque le protocole habituel dans ces cas a été ignoré.
Selon sa réponse aux questions de l'instructeur, le responsable militaire a précisé: «des ordres ont été reçus par téléphone de la section des relations internationales de l'état-major de l'armée de l'air pour que le personnel voyageant dans l'avion ne passe pas par le contrôle des passeports ou la douane, de sorte que l'identité des personnes à bord est inconnue».
«Des informations ont été reçues par téléphone selon lesquelles un patient muni d'un passeport diplomatique algérien voyageait dans l'avion sur une civière médicale et qu'il était accompagné d'une personne», a-t-il ajouté dans son rapport adressé au magistrat.
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L'avion, a-t-il rappelé, a atterri à 19h25 le 18 avril 2021, «en tant qu'avion d’Etat» de la République d'Algérie, et a re-décollé à 20h53 le même jour, étant conduit «sur la plate-forme militaire, ce qui, pour des raisons de sécurité, est une pratique courante pour les avions d'Etat».
Il est enfin utile de rappeler que le magistrat du tribunal d'instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, avait bel et bien demandé aux responsables militaires de la base aérienne de préciser qui a autorisé l'atterrissage de l'avion dans lequel se trouvait le chef du Front Polisario, «en précisant à la fois le nom et la fonction du responsable qui l'a donné, et s'il a agi conformément à un ordre ou à une indication préalable d'une autre ou d'autres autorités».