En Espagne, l’affaire Ghali-Benbatouche prend une nouvelle tournure. A mesure que l’enquête, menée par le juge d’instruction Rafael Lasala avance, le gouvernement s’enlise et sa position dans cette affaire est de moins en moins défendable. Cette fois, c’est le commandant de la base militaire de Saragosse qui enfonce encore plus l’Exécutif, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du lundi 28 juin.
D’après le général Ortiz Cañabate, c’est bien le ministère des Affaires étrangères qui a autorisé, le 18 avril, l’atterrissage de l’avion présidentiel algérien avec, à son bord, le patron du Polisario. Le département d'Arancha Gonzalez Laya, poursuit le commandant de la base, n’a fourni aucune information aux militaires sur l’identité des personnes qui se trouvaient à bord de cet avion.
Lors de l’interrogatoire mené par le juge Rafael Lasala, le général Ortiz Cañabate a confirmé que Ghali-Benbatouche était entré en Espagne sans avoir à passer par aucun contrôle douanier, écrit Assabah. Le commandant de la base a été informé qu’une personne malade qui se trouvait à bord de l’avion allait être transportée, depuis la base, vers l’hôpital dans une ambulance. Aucune autre indication ne lui a été fournie par les services du ministère des Affaires étrangères, assure-t-il.
Quant au ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, poursuit Assabah, il a défendu, vendredi, devant le Parlement, la légalité et la régularité de toutes les opérations de reconduction aux frontières de tous les migrants, marocains et d’autres nationalités, qui ont été menées en mai dernier. Les propos du ministre de l’Intérieur, affirme Assabah, ont été infirmés par les responsables de la Croix rouge internationale et par le Haut commissariat aux réfugiés. Les deux organisations ont dénoncé des abus de la part du gouvernement espagnol et ont demandé l’ouverture d’une enquête, notamment après avoir reçu plusieurs plaintes des demandeurs d’asile, qui ont accusé le gouvernement de les avoir refoulés manu militari et de leur avoir fait subir des violences.
Ainsi, le HCR a tenu à apporter des clarifications aux propos du ministre de l’Intérieur. Fernando Grande-Marlaska a assuré que l’opération de reconduction aux frontières s’est déroulée sous la supervision des responsables sur place de l’organisation onusienne. Or, le HCR affirme que, même si ses observateurs se retrouvaient à Sebta depuis le premier jour de la crise, ils ne peuvent affirmer que l’opération de reconduction aux frontières s’est passée selon les normes. D’autant, indique le HCR, que ses membres sur place ont reçu de nombreuses plaintes qui accablent plutôt les responsables espagnols.
Même son de cloche chez l’Organisation internationale de la Croix rouge. Certes, affirme l'organisation, ses volontaires étaient, eux aussi, sur place pour porter secours au près de 10.000 migrants qui affluaient dans le préside occupé, mais ils n’ont jamais participé à l’opération de refoulement de ces migrants. Ils n’ont pas été autorisés à participer à l’opération de recensement des migrants, et n’ont pas eu non plus eu accès aux dossiers des demandeurs d’asile et des personnes en situation de vulnérabilité. La Croix rouge affirme, par contre, avoir été informée de situations abusives de reconduction aux frontières et de cas de refoulements aux frontières de demandeurs d’asile et de mineurs.