L'Algérie s'arme à tour de bras auprès de l'Allemagne contre le Maroc

La frégate multirôles Meko A-200 acquise par l'Algérie auprès de l'Allemagne.

La frégate multirôles Meko A-200 acquise par l'Algérie auprès de l'Allemagne. . Le360 : Adil Gadrouz

Les exportations allemandes d'armes à destination de l'Algérie ont atteint 4,029 milliards d'euros en 2016, dévoile le site d'information allemand Deutsche Welle. Une appétence que seule la rivalité avec le Maroc pourrait expliquer. Eclairage.

Le 27/10/2016 à 11h10

Rien ne semble arrêter Alger dans sa course frénétique à l'armement. Le chiffre qui vient d'être révélé par le Deutsche Welle est à tout le moins préoccupant. Tenez, pas moins de 4,029 milliards d'euros ont été déboursés rien qu'en huit mois par Alger pour acquérir des armes auprès de l'Allemagne, fournisseur privilégié après la Russie de l'Armée nationale populaire (ANP). Selon le Deutsche Welle, qui indique que parmi les nouvelles importations algériennes figure une frégate allemande acquise au prix de 1 milliard d'euros, l'Algérie serait arrivée en tête des pays importateurs d'armement allemand durant la période de janvier à septembre 2016.

Il faut préciser que l'approvisionnement algérien en armement allemand ne date pas d'aujourd'hui, un accord militaire de 10 milliards d'euros a été signé en 2011 entre Bonn et Alger, comportant plusieurs axes, dont la livraison de deux frégates par ThyssenKrupp et de véhicules industriels par le géant germanique, Daimler.

Le journal Handelsblattnote, qui avait alors ébruité l'existence de ce contrat juteux, ne croyait pas avoir jeté un gros pavé dans la mare du gouvernement de Angela Merkel, accusée de vendre des armes à un "Etat totalitaire"!

Pas de critique en revanche à l'encontre du côté du géant russe, auprès duquel Alger continue de s'armer à tour de bras et sans aucune difficuté. Il faut rappeler qu'une commande de 12 bombardiers tactiques Su-34 "Fullaback", dont des exemplaires sont engagés actuellement sur le front syrien, a été passée en 2016 par Alger auprès de la Russie, sans compter deux nouveaux sous-marins en construction pour le compte des forces navales algériennes!Pour rappel, les dépenses militaires de l’Algérie ont atteint les 13 milliards de dollars en 2015 (+10% par rapport à 2014).En effet, l’ANP a, depuis la fin des années 1990, multiplié les achats d’armement, au point d’occuper aujourd’hui la dixième position au classement des importateurs d’armes, selon l’institut Sipri.

Contre qui s'arme Alger?

Cette frénésie dans l'achat des armes remet sur le tapis l'éternelle question: contre qui s'arme l'Algérie? La réponse fournie par l'établishment militaire algérien est peu convaincante: la lutte antiterroriste! Un "argument" que démentent les déclarations lénifiantes du vice-ministre algérien de la Défense, le général Gaïd Salah, selon lequel le terrorisme serait devenu, au fil des expéditions militaires sur le terrain des jihadistes, "résiduel"! Alors pourquoi continuer à faire le plein d'armes dès lors que l'ennemi censé justifier cette frénésie est devenu résiduel, autrement dit marginal? Et puis, un ennemi de cette nature, à savoir des terroristes qui ne font usage que de Kalachnikov, ou d'explosifs, nécessite-t-il l'achat de bombardiers tactiques russes de type Su-34 "Fullback", ou plus encore de sous-marins ultrasophistiqués?

Il apparaît donc à l'évidence que ce qui est visé par cette course algérienne à l'armement, c'est le Maroc. Alger ne fait d'ailleurs aucun mystère de son hostilité envers son voisin de l'ouest, qu'elle n'a eu de cesse de traiter d'"ennemi extérieur"! Un "ennemi extérieur" qui n'existe évidemment que dans l'imagination débordante des hauts galonnés algériens, et dont l'objectif est de détourner l'attention du peuple algérien, frère de la crise dévastatrice qui continue de secouer le pays, à la faveur d'une faillite qui s'avère de plus en plus certaine.

Par Ziad Alami
Le 27/10/2016 à 11h10