Les camps de Tindouf sont devenus encore plus irrespirables pour les Sahraouis qui y sont séquestrés depuis maintenant plus de 43 ans. L’année qui s’achève a été marquée par de nombreux actes de harcèlement et autres tracasseries dont les Algériens se sont volontairement rendus coupables à l’égard de ceux qu’ils appelaient jusqu’ici les «réfugiés sahraouis». Ces derniers n’ont d’ailleurs pas caché leur surprise face à ces comportements racistes, devenus subitement récurrents chez leur «protecteur».
Après la douane, la gendarmerie et la police des frontières qui ne reconnaissent plus les documents frappés du label «RASD», et qui ne cessent de rappeler aux Sahraouis qu’«ici, c’est l’Algérie», voilà qu’une nouvelle méprise est commise à l’égard de ces mêmes Sahraouis, une nouvelle façon de leur dire de déguerpir, sinon ce sera la mort lente qui les décimera.
Selon la tribune «Ici Tindouf» du quotidien Assabah de ce lundi 7 janvier, les séquestrés sahraouis ont toujours en mémoire l’épidémie de choléra qui a tué des centaines d’entre eux en 1994, suite à la livraison par les autorités algériennes d’une eau dite potable, mais qui en réalité était contaminée par les eaux usées. Mais ce qui les attend cette fois-ci est sans commune mesure avec l’hécatombe de 1994.
En effet, en faisant débarquer ces derniers jours, et sous haute protection militaire, un imposant matériel de forage en vue de l’exploitation du gaz de schiste à moins de 20 km seulement des camps sahraouis, la messe semble dite. Et pour cause, de tels forages vont doublement priver les populations sahraouies du peu d’eau dont elles disposent déjà, car non seulement ces chantiers sont de gros consommateurs d’eau, mais sont également une source de pollution des eaux souterraines.
Pire, à cause des maladies respiratoires graves, générées par l’émission de méthane à partir des puits de gaz de schiste, toute vie humaine est impossible dans un rayon de 500 km. Or, les Algériens n’ayant pas proposé un site de rechange pour abriter leurs «réfugiés», cela pourrait être assimilé à une injonction indirecte de quitter les lieux illico. Pour aller où? D’ailleurs, des éléments armés du Polisario, qui ont tenté de voir de près ce qui se passe aux alentours des camps, ont été contraints de déguerpir sous le feu nourri des «balles amies».
In fine, en mettant bout à bout l’entêtement des Algériens à exploiter, en ultime recours, le dangereux gaz de schiste, d’une part, et les graves problémes économico-financiers dans lesquels ils se débattent, de l’autre, on en déduit qu’Alger n’a tout simplement plus les moyens de financer sa diplomatie de mauvais voisinage.