«Le Polisario organise des manœuvres à tirs réels en perspective du franchissement du mur de défense». «Le Polisario bat les tambours de guerre en simulant des opérations d’invasion du mur de sable». «Le Polisario lance la plus grosse manœuvre militaire depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu du 15 octobre 1991» … Voilà un échantillon de titres, tout aussi martiaux les uns que les autres, relevés sur les «Unes», entre autres supports, d’Assabah et d’Al Massae.A en croire «Assabah», lequel a trouvé un curieux lien entre les «manœuvres» de Tindouf et la mobilisation par Madrid de sa «flotte navale» vers les Iles Canaries!, alors qu’il ne s’agit que d’une seule frégate, «Juan de Bourbon», dépêchée pour protéger les travaux de prospection pétrolière aux alentours de l’archipel canarien, la «guerre» serait (déjà) aux portes du royaume! Même tonalité relevée sur Al Massae, annonçant l’utilisation de l’artillerie lourde, lors de ces manœuvres, et pour la première fois depuis 1991. En somme, un gros étalage de ce que le front sait faire: de la propagande loufoque, voire grand-guignolesque, comme l’a si bien expliqué à LE360, sous couvert de l’anonymat, un haut gradé de l’armée, jeudi 27 novembre, qui marquait la fin du «festival» folklorique de l’«armée sahraouie». Tout aussi folklorique que ces vieux chars T55 et T62, tous deux de fabrication russe et construits dans les années quarante, alignés lors de la fanfaronnade du mardi 25 novembre sous le regard de l’hurluberlu Mohamed Abdelaziz, du soi-disant «ministre de la défense sahraouie» le dénommé Mohamed Lamine Bouhali, en présence de quelques «invités étrangers» et, pour l’effet de loupe, nécessaire celui-là, un bataillon de «journalistes» accourus pour immortaliser ce grand moment de cirque.
Effet d'annonce
Il va sans dire que le discours historique prononcé par le roi Mohammed VI, le 6 novembre, a planté le dernier clou au cercueil de la thèse séparatiste, comme l’a rappelé à juste titre Assabah. L’intégrité territoriale du royaume est et restera une ligne rouge et la proposition d’autonomie pour le Sahara est le maximum de ce que peut offrir le Maroc pour tourner la page de ce conflit quarantenaire, dernier vestige de la défunte et tristement célèbre époque de la Guerre froide. Une mise au point royale ferme et énergique qui a douché les ardeurs à l’autre bout de la frontière et à laquelle les VRP de la thèse indépendantiste, l’Algérie nécessairement, le front de mercenaires accessoirement, n’ont pas trouvé autre réponse en dehors de cette «stratégie» défaillante des menaces phonétiques. La dernière «manœuvre», orchestrée plutôt dans les locaux incertains du fameux Département algérien du renseignement et de la sécurité, DRS, à Alger, tient plus de l’effet d’annonce (et de manche) que d’autre chose. En d’autres termes, elle est destinée plutôt à calmer les voix, de plus en plus nombreuses à répondre favorablement au dernier appel lancé par le royaume: la patrie est toujours «clémente et miséricordieuse». Quand à cela, il faut bien ajouter cette chape de plomb contestataire qui s’abat sur le secrétaire général de Mohamed Abdelaziz, à Rabouni, sur fond de revendications pour la libération des détenus d’opinion, l’on comprend encore mieux les tenants et aboutissants de cette «manœuvre» dite militaire. Autrement dit, sa cible est moins ce bouclier somme toute infranchissable qu’est le mur de défense que la population sahraouie séquestrée dans les camps de la honte.
L’invincibilité du mur de défense
Si le Polisario a signé l’accord de cessez-le-feu en ce mémorable 15 octobre 1991, c’est parce qu’il s’est rendu compte qu’il n’était plus en mesure de continuer la lutte. Les quelques tentatives de franchir le mur de défense, construit par les Forces armées royales au début des années quatre-vingt (1981-1982), s’étaient d’ailleurs soldées par un cuisant échec. L’invincibilité de la vaillante armée marocaine est devenue désormais un fait reconnu par le Polisario, et par son mentor algérien. Le mur avait rendu inefficace toute tentative d’incursion, retirant aux combattants du Polisario la dernière possibilité de manœuvre. Militairement, toutes les menaces deviennent dès lors nulles et non avenues. D’autant moins que le royaume a entrepris, depuis 1991, des efforts herculéens pour la modernisation de son armée, la seule professionnelle à l’échelle du Maghreb, comme l’a dernièrement souligné un rapport de la commission de la Défense du Sénat français.