La nouvelle vie du gazoduc Maghreb-Europe

La station de compression Metragaz à Tanger a cessé de recevoir le gaz algérien depuis le Gazoduc Maghreb-Europe, à partir du 31 octobre 2021, à minuit.

La station de compression Metragaz à Tanger a cessé de recevoir le gaz algérien depuis le Gazoduc Maghreb-Europe, à partir du 31 octobre 2021, à minuit. . Saïd Kadry / Le360

Revue de presseLe gazoduc Maghreb-Europe, autrefois simple vecteur du gaz algérien vers l’Europe, est désormais au cœur de la stratégie énergétique marocaine. Modernisé, interconnecté et intégré à de nouveaux projets régionaux, il se transforme en colonne vertébrale d’un réseau gazier national ambitieux, tourné vers la sécurité d’approvisionnement et l’intégration africaine. Une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 12/08/2025 à 19h05

Long de 2.200 kilomètres, le gazoduc Maghreb-Europe (GME) a longtemps incarné l’intégration énergétique euro-méditerranéenne. Conçu dans les années 1990 pour acheminer le gaz algérien vers l’Espagne et le Portugal, il est aujourd’hui au cœur d’une stratégie marocaine qui conjugue modernisation technique, interconnexions futures et ambition régionale, relève le quotidien Les Inspirations Éco.

Fruit d’un contexte géopolitique révolu, le GME a été pensé à une époque où la coopération énergétique avec l’Algérie semblait durable. Mais la rupture de l’approvisionnement en 2021 a marqué un tournant décisif. Dès juin 2022, le Royaume a réussi à inverser le sens des flux. Le gaz naturel liquéfié (GNL), regazéifié en Espagne, est désormais injecté dans le GME pour alimenter le territoire national. Ce «reverse flow» a été officialisé par un contrat signé le 22 octobre 2024 entre l’ONHYM et l’ONEE, garantissant la pérennité de ce schéma d’approvisionnement.

L’Office national des hydrocarbures et des mines a confié la gestion du gazoduc à sa filiale OMCo, créée pour piloter les infrastructures de transport et de stockage. Depuis, explique Les Inspirations Éco, les chantiers se succèdent. Réparation des défauts de revêtement confiée à la société espagnole Mantenimiento y Montajes Industriales (1,43 million de dirhams), inspection sous-marine du tronçon offshore par le navire Edda Flora, inversion de la station de compression de Tanger pour accroître la capacité de stockage temporaire (linepack), installation de systèmes électriques de secours par batteries Ni-Cd, et mise en place de raccordements pour les futures centrales électriques d’Al Wahda (Ouezzane) et pour l’extension de Tahaddart… Les projets ont été nombreux.

Actuellement, le Royaume prépare deux grandes interconnexions. La première est un gazoduc reliant le futur terminal GNL de Nador West Med au GME, renforçant l’approvisionnement du nord. La seconde est un tronçon de 220 km entre Mohammedia et Kénitra, destiné à alimenter les zones industrielles et à intégrer la production offshore, notamment du champ Anchois. Ces projets visent à mailler le territoire, sécuriser l’approvisionnement électrique et industriel, et positionner le Royaume comme un hub gazier régional.

En parallèle, le Royaume poursuit le projet pharaonique Nigeria-Morocco Gas Pipeline (NMGP): 6.800 kilomètres, 25 milliards de dollars d’investissement, et une vocation panafricaine et euro-méditerranéenne. Les études de faisabilité et d’ingénierie sont achevées, et les discussions techniques se sont poursuivies en juillet 2025 dans la capitale du Royaume, avec l’appui de la CEDEAO. De simple canal d’exportation pour le gaz algérien, le GME est ainsi devenu l’épine dorsale d’un réseau national en pleine mutation.

Entre modernisation technique, interconnexions stratégiques et ouverture sur l’Afrique de l’Ouest, le Royaume redessine sa carte énergétique et affirme ses ambitions régionales dans le gaz.

Par La Rédaction
Le 12/08/2025 à 19h05