Dans cette capsule tournée sur la corniche de Rabat, la ministre — micro-cravate et sourire assuré — met en avant l’hôtel Story Le Carrousel aux côtés de son manager égyptien. Établissement cinq étoiles flambant neuf, il appartient au promoteur émirati Imkan, filiale d’Abu Dhabi Capital Group.
L’intention semble être la valorisation d’un projet touristique qui augmente la capacité d’accueil de la capitale. Mais le résultat donne l’image d’une ministre faisant la publicité d’un établissement privé, mêlant action gouvernementale et marketing d’entreprise.
En apparaissant dans cette vidéo à caractère promotionnel, la ministre prête le flanc à la critique d’un gouvernement qui n’établit pas un mur coupe-feu entre intérêt général et intérêt privé. Même sans intention malveillante, le geste fragilise la neutralité de la parole publique.
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La ministre, devenue une véritable «instagrameuse du gouvernement», s’était aussi fait remarquer dès le début de son mandat en remplaçant les journalistes par des influenceurs lors de la cérémonie de lancement du programme Forsa, une première dans l’histoire politique du pays. Ce choix assumé d’un registre communicationnel plus «lifestyle» que professionnel avait déjà suscité de vives critiques de la part des journalistes qui ont dénoncé une dérive. Les influenceurs, invités en masse à une conférence de presse, semblaient proclamer la primauté qu’accorde la ministre à la communication sur l’information.
En multipliant les séquences calibrées pour les réseaux sociaux, Fatim-Zahra Ammor semble vouloir moderniser la communication publique. Mais il existe une différence entre modernisation, voire réforme, et l’emprunt de codes qui peuvent conduire à la banalisation de la parole d’un ministre.








