La décompensation inévitable: comment le gouvernement compte financer son programme d’aides directes

Des Marocains confinés à leur domicile dans le quartier populaire de Takaddoum, à Rabat, observent une scène au bas de leur rue, en cette période d'état d'urgence sanitaire sur le territoire national.

Dans le quartier populaire de Takaddoum, à Rabat.. DR

Dans sa présentation, devant le Parlement, des mesures d’aide directe prévus par le gouvernement sur hautes instructions royales, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est arrêté sur les sources et moyens de financement de cette stratégie, qui nécessitera 40 milliards de dirhams annuellement à partir de 2026. Pour lui, il ne peut y avoir de soutien aussi ambitieux sans décompensation.

Le 23/10/2023 à 20h13

Détaillant, ce lundi 23 octobre devant le Parlement, les mesures d’aide directe aux familles et aux populations les plus vulnérables prévues par le gouvernement sur hautes instructions royales, Aziz Akhannouch s’est longuement arrêté sur les sources de financement à même de satisfaire les objectifs tracés dans le cadre de cette nouvelle politique.

Un chiffre pour le dire: il faudra une enveloppe de 40 milliards de dirhams annuellement, à partir de 2026, pour y répondre. Ce montant est valable aussi bien pour le dispositif de généralisation de la couverture médicale que pour l’aide sociale. Comptez 25 milliards de dirhams dès l’année prochaine, soit 2024.

Pour couvrir les futurs besoins, le gouvernement entend, tout au long des trois prochaines années, mobiliser 20 milliards de dirhams en fonds propres, 6 milliards de dirhams de recettes fiscales sous forme de contributions sociales de solidarité des entreprises et de contributions libératoires sur les avoirs et biens détenus par des Marocains à l’étranger, a indiqué M. Akhannouch. L’exécutif entend également mobiliser 15 milliards de dirhams à travers la rationalisation, le regroupement ou la réaffectation des budgets alloués à d’anciens programmes sociaux. Tout comme il vise la mobilisation de 9 milliards de dirhams au titre des réserves du Fonds d’appui à la cohésion sociale au titre de l’année 2024.

S’y ajoutent, progressivement et à l’horizon 2026, 12 milliards de dirhams émanant des réaffectations à générer de la réforme de la Caisse de compensation.

Sans décompensation, point d’aide directe

Pour Aziz Akhannouch, le budget de l’Etat ne peut supporter à la fois le financement de l’aide directe et le maintien du système de compensation tel qu’il est de mise actuellement. D’autant, a expliqué le chef du gouvernement, que le dispositif en vigueur manque d’équité sociale et ne profite pas comme il devrait aux couches défavorisées de la société. La réforme de la Caisse de compensation et la réduction des budgets publics qui y sont alloués seront, a assuré M. Akhannouch, progressifs, partiels et limités dans le temps. Leur période de mise en œuvre sera comprise entre 2024 et 2026, au fur et à mesure que les programmes d’aide directe seront complétés et généralisés.

«Il ne s’agira aucunement d’une libéralisation, mais d’un plafonnement, au service des familles qui méritent effectivement d’être soutenues», a souligné le chef du gouvernement. Donnant des exemples précis, il a démontré lors de son exposé que les aides que les familles et personnes cibles recevront dépassent de très loin le peu de soutien dont elles bénéficient sous forme de subventions sur le gaz butane ou autre.

Pour la réforme prévue de la Caisse de compensation, le gouvernement ne compte pas marcher seul. Dans le cadre d’une approche participative, des séries de rencontres avec les représentants des partis politiques, d’organisations syndicales et de partenaires socio-économiques sont au programme.

Par Tarik Qattab
Le 23/10/2023 à 20h13