IsmaIl Alaoui: «Voici pourquoi le PPS doit claquer la porte du gouvernement»

Le360

Revue de presseKiosque360. L’ancien secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, Ismail Alaoui, estime que son parti doit quitter le gouvernement suite au récent «limogeage» de Charafat Afailal. Car, pour le sage du parti du livre, les explications données par El Othmani au PPS ne sont que du pipeau.

Le 06/09/2018 à 23h06

Moulay Ismail El Alaoui, successeur immédiat d’Ali Yata à la tête du Parti du progrès et du socialisme, parti qu’il a dirigé de 1997 à 2010 avant de passer le témoin à l’actuel secrétaire général du parti, Mohamed Nabil Benabdallah, est très remonté contre le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani.

Dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire arabophone Al Ayyam, daté du 6 au 12 septembre, le président du Conseil de la présidence du PPS (ou comité des sages), trouve «contradictoires, confuses et donc pas du tout convaincantes», les raisons invoquées par Saâd-Eddine El Othmane pour révoquer l’ex-secrétaire d’Etat à l’Eau, Charafat Afailal, membre du bureau politique du PPS. Allant plus loin dans son franc parler, il reconnaît qu’Afailal avait bel bien des problèmes avec son ministre de tutelle, le PJDiste Abdelkader Amara. Ce ministre de «l’Eau et de beaucoup d’autres choses», comme il le qualifie, n’a jamais cessé d’empêcher l’ex-secrétaire d’Etat PPS de faire normalement son travail.

Faisant certainement allusion à certaines nominations au gouvernement de personnes incompétentes, nominations purement partisanes, Ismail Alaoui défend bec et ongles Charafat. Surtout, dit-il, qu’elle a été irréprochable et très dynamique durant les mandats ministériels qu’elle a accomplis à la tête du département de l’Eau, depuis 2013, en tant que ministre déléguée d’abord, puis en tant que secrétaire d’Etat. Mieux, Afailal est la femme qu’il faut à la place qu’il faut puisqu’elle est lauréate de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (option hydraulique) et ancienne cadre de l’Office national de l’eau potable (ONEP).

Pour Ismail Alaoui, le chef du gouvernement aurait donc pu faire preuve d’un minimum de galanterie en notifiant le projet de décision de liquidation de «l’Eau» à la détentrice du portefeuille, et d’un peu plus de fidélité pour en informer, en priorité, l’instance partisane qu’elle représente au sein du gouvernement.

Sans accepter ouvertement que son parti est devenu une cible de ses adversaires politiques, comme le crient sur tous les toits plusieurs de ses camarades au sein du PPS, Ismail Alaoui estime que l’adversité entre les chapelles politiques est normale et qu’on la retrouve dans tous les pays du monde. Seulement, il appartient au «parti ciblé» de se prémunir contre cette adversité, précise Ismail, qui ajoute tout de go que la meilleure prévention pour son parti, s’il se sent vraiment visé, c’est de quitter le gouvernement. Le mot est tombé. «Et advienne que pourra», tonne-t-il.

Ismail Alaoui ne le cache pas. Il est bien parmi, voire en tête de ceux au sein de son parti qui prônent aujourd’hui le retrait des ministres PPS du gouvernement El Othmani. Seulement, tempère-t-il, cette décision appartient en dernier ressort au seul Comité central du parti.

Mais le professeur universitaire de géographie, plusieurs fois ministres depuis l’avènement de l’Alternance consensuelle, reste d’autant plus remonté contre ses alliés islamistes qu’il n’accepte point qu’on qualifie l’alliance PPS-PJD de «stratégique», comme vient de le laisser entendre El Othmani. Car le PPS a une vision à long terme qui le différencie du PJD, basée sur une idéologie visant à instaurer une «société socialiste, où prévaut la justice, et en particulier la justice sociale», Explique Ismail Alaoui. Ce dernier préfère parler, pour le gouvernement El Othmani, plutôt d’une coalition gouvernementale hétérogène ou l’on retrouve des socialistes, ou des partis se prétendant tels, des adeptes du capitalisme sauvage qui se disent libéraux, et des partis dont on ignore totalement l’identité idéologique, s’ils en ont une d’ailleurs.

Enfonçant davantage le clou, Ismail Alaoui estime qu’après vingt ans au sein du gouvernement, le PPS en est arrivé au constat que les acquis démocratiques réalisés durant ces deux dernières décennies sont en train d’enregistrer un grave recul. Or, connaissant la grande influence et le grand respect dont jouit encore Ismail Alaoui au sein des militants de son parti, on peut conclure que l’ordre du jour de la prochaine session du Comité central du PPS a été déjà établi, pour qui sait lire entre les lignes, à travers cette interview à Al Ayyam.

Par Mohammed Ould Boah
Le 06/09/2018 à 23h06