Les propos tenus en novembre dernier par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, au sujet des avocats, continuent d’attiser la colère. Et, cette fois, la colère s'exprime au sein de son propre parti. Fatima Zahra Mansouri, qui est ministre de l’Habitat mais, aussi, l'une des leaders du PAM et, surtout, avocate de profession, a pris la défense de ses consœurs et confrères que le ministre de la Justice a critiqués lors d’une intervention au sujet des impôts.
Dans son édition du mercredi 29 décembre, Assabah rapporte que Fatima Zahra Mansouri s’en est pris à son collègue dans le gouvernement pour se ranger du côté des avocats, dont elle fait partie. D’après les sources de la publication, celle qui est également maire de Marrakech a interpellé, il y a quelques jours, Abdellatif Ouahbi au sujet de ses déclarations. «Ce ne sont pas les affaires du ministre de la Justice, mais celles du ministère de l’Economie et des finances qui est responsable de la collecte des impôts», a-t-elle rétorqué à Abdellatif Ouahbi.
Pour rappel, ce dernier avait attisé la colère des avocats début novembre, en déclarant devant les parlementaires que 95% des robes noires ne payaient, en moyenne, que 10.000 dirhams d’impôts par année, un chiffre qui serait naturellement en deçà de ce qu’ils devraient réellement payer. Pour remédier à la situation, le ministre de la Justice a même fait des propositions telle que l’instauration d’un impôt sur chaque dossier traité par un avocat, au lieu d’un impôt basé sur une déclaration annuelle.
Intervention arrogante, propositions irréalistes… Dans la profession, la sortie d’Abdellatif Ouahbi n'a pas été appréciée. Selon Assabah, fatima Zahra Mansouri a dénoncé ce conflit «gratuit» créé avec les avocats, et l’a bien fait savoir à son collègue. Elle n’a ainsi pas hésité à troquer sa casquette de membre du gouvernement contre la robe noire de la profession dont elle fait partie pour la défendre.
En attendant, si cette «mésentente» entre les deux ministres risque d'avoir d’autres répercussions, Assabah souligne que, auprès des avocats, on ne manque pas d’arguments pour répondre aux déclarations du ministre de la Justice. D’aucuns évoquent cette obligation d’observer une période de stage de 3 ans au moins après le diplôme avant de pouvoir ouvrir un dossier au nom d'un avocat. Comment est-il possible de demander à cet avocat de payer des impôts, s’interrogent en effet des sources de la profession citées par le quotidien. D’autres répondent à Abdellatif Ouahbi en remettant en cause les chiffres qu’il a avancés. Ils rappellent que les avocats sont tenus de présenter leurs déclarations fiscales s’ils souhaitent travailler avec des entreprises, administrations ou autres établissements. Comment pourraient-ils se défiler de leurs impôts? En tout cas, cette polémique entre le ministre de la Justice et les avocats n’est pas près de s’éteindre.