Gouvernement Akhannouch: destinations estivales, entre fiefs, plages et secrets bien gardés

Une plage sur la côte est de l'île italienne de Sardaigne, où le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a choisi de prendre quelques jour de repos cet été.. AFP or licensors

La plupart des membres du gouvernement ont fait leurs valises pour deux semaines de congé. Chacun a sa manière de recharger les batteries. Alors que Aziz Akhannouch a été repéré en Sardaigne (Sud de l’Italie), plusieurs ministres ont jeté leur dévolu sur une destination plutôt locale. D’autres, plus discrets, n’ont pas voulu se prononcer sur leur lieu de villégiature cet été.  

Le 08/08/2025 à 09h48

À l’issue du dernier conseil de gouvernement, jeudi 24 juillet, les membres du gouvernement ont été autorisés à partir en congé pendant deux semaines. La plupart des ministres choisissent la période séparant la fête du Trône (30 juillet) et celle de la Jeunesse (21 août). Pour autant, tous ne s’absentent pas simultanément: un système d’intérim assure la continuité de l’action gouvernementale.

Comme tous les ans, le chef du gouvernement s’accorde quelques jours de repos en famille, souvent discrètement loin des regards. «Aziz Akhannouch ne divulgue jamais sa destination, y compris à ses proches collaborateurs», nous confie un membre de son cabinet. Cette fois, pourtant, le secret n’a pas tenu: le secrétaire général du RNI a choisi le sud de l’Italie. Plusieurs médias ont diffusé des images le montrant en Sardaigne, partageant des moments conviviaux avec ses proches dans une ambiance détendue.

Pendant l’absence d’Aziz Akhannouch, l’intérim à la tête du gouvernement sera assuré par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Son entourage précise qu’il compte rester pleinement aux commandes afin de préparer l’atterrissage, dès la rentrée parlementaire, d’une dizaine de textes législatifs majeurs: encadrement de la Fondation Mohammedia des œuvres sociales des magistrats et fonctionnaires de la Justice, organisation des professions de traducteur, notaire, adoul ou expert, réforme de la loi relative au chèque, entre autres.

De son côté, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, ne connaîtra pas non plus de trêve estivale. Il pilote le lancement des consultations sur le futur cadre régissant les législatives de 2026, qui devra être soumis au Parlement dès la session d’automne et promulgué avant la fin de l’année, conformément aux directives royales.

Pas de vacances non plus pour Fouzi Lekjaâ, ministre délégué du Budget, «en tout cas pour l’instant», nous confie un membre de son cabinet. Le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) va passer son été à superviser les derniers préparatifs de la CAN 2025, y compris la livraison des stades de Rabat et de Tanger, prévue en août. En tant que premier vice-président de la CAF, Fouzi Lekjaa doit également garder un œil attentif sur le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025 qui se joue du 2 au 30 août entre le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, d’autant que la sélection marocaine, dirigée par l’entraîneur Tarik Sektioui, figure parmi les favoris de la compétition.

Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, retrouvera, comme chaque année, Larache, son fief électoral, à proximité de Moulay Abdeslam Ben Mchich, d’où il est originaire. Des vacances studieuses pour le secrétaire général du parti de la Balance, qui planche en parallèle sur la contribution de l’Istiqlal aux débats sur la réforme des lois électorales, à transmettre au ministère de l’Intérieur avant la fin août.

Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, s’accordera dix jours de repos en août, entre les plages proches de Rabat, sa ville natale, et une destination balnéaire encore à définir, dans le nord ou le sud du Royaume.

Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, profitera lui aussi d’une quinzaine de jours de congé. L’Istiqlalien ne prévoit pas de voyage à l’étranger cet été: il compte passer ses vacances au Maroc, dans sa résidence secondaire sur la côte atlantique, non loin de la capitale.

Quant à Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, il mettra à profit cette pause estivale pour se ressourcer en famille: d’abord à Skoura (province de Boulemane), son village natal, puis dans une station balnéaire, au Maroc ou à l’étranger.

Plusieurs ministres choisissent de revenir sur leurs terres natales pour se ressourcer durant l’été. Mustapha Baïtas (Relations avec le Parlement), enfant des tribus d’Aït Baâmrane, ne manque jamais l’occasion d’afficher son attachement à Sidi Ifni, son fief électoral. Abdessamad Kayouh (Transport et Logistique), actuellement à Awaza (Turkménistan) pour la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, ne déroge pas non plus à la règle: dès son retour, il prévoit un passage par Oulad Taïma, sa ville natale dans le Souss.

Même réflexe chez deux autres ministres istiqlaliens: Omar Hejira (Commerce extérieur) et Abdeljabbar Rachidi (Insertion sociale), qui privilégient respectivement l’Oriental (Oujda) et le Nord (Tanger) pour leurs vacances.

Contrairement à certains de leurs homologues à l’étranger, les membres du gouvernement marocain restent globalement discrets sur leurs destinations, surtout lorsqu’elles se situent hors du Royaume. Une prudence qui s’explique sans doute par la volonté d’éviter la réédition de polémiques, comme celle suscitée en août 2022 par la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, alors en vacances familiales à Zanzibar (Tanzanie) en pleine crise pandémique, tandis que le tourisme intérieur peinait à se relever malgré les millions de dirhams investis dans la campagne «Ntla9aw Fbladna».

Outre la ministre du Tourisme, deux autres membres féminins du gouvernement Akhannouch – Nadia Fettah, en charge de l’Économie et des Finances, et Amal El Fallah Seghrouchni, ministre de la Transition numérique – ont préféré garder confidentiel leur lieu de villégiature. Même discrétion du côté du ministre délégué à l’Investissement, Karim Zidane, pourtant fervent défenseur du «modèle rhénan», qui érige la confiance et la transparence en principes cardinaux.

Par Wadie El Mouden
Le 08/08/2025 à 09h48