GMT+1 toute l’année au Maroc: en cinq points, pourquoi il ne faut pas s’alarmer

AFP

Le passage du Maroc à GMT+1 tout au long de l’année suscite nombre d’interrogations. Mais passée la surprise, de nombreux arguments et garanties plaident pour cette thèses. Voici, point par point, les raisons d’y croire.

Le 27/10/2018 à 09h13

Une mesure en phase d’expérimentationLe ministre en charge de la modernisation de l’administration, et avec lui tout le gouvernement, s’y engagent: l’entrée en vigueur de l’application du GMT+1 toute l’année, bien qu’immédiate, aura un caractère strictement expérimental. «Une chose est sûre, et la tendance est globale, nous ne pouvions pas davantage jongler entre deux horaires pendant l’année. Et les Marocains sont unanimes là-dessus. L’étude qui a mené à l’adoption du GMT+1 a fait ressortir deux scénarii: le maintien du GMT tel que de vigueur depuis 1967 ou le passage définitif à GMT+1. Et il s’est avéré que ce dernier est largement plus avantageux, pour le pays comme pour les citoyens», explique Mohamed Benabdelkader. Et de préciser: «Ce nouvel horaire revêt dans un premier temps un caractère strictement expérimental. Nous allons le tester, tout en mettant en place toutes les mesures d’accompagnement nécessaire à sa réussite. Mais il est clair que si la majorité des Marocains le rejettent, nous allons revenir là-dessus». Essayons pour voir, donc...

Écoles: une adaptation des horaires selon les régionsLà où le plus de craintes sont exprimées, c’est par rapport aux enfants, dont le sommeil, et donc la capacité de concentration et l’équilibre psychique, risquent d’être perturbés à cause du GMT+1 toute l’année. Là-dessus, le gouvernement affirme que rien n’est écrit sur du marbre concernant les horaires d’entrée et de sortie des écoles. «Une série de réunions entre les responsables du ministère de l’Education nationale et de la Modernisation des secteurs publics aura lieu dès la semaine prochaine pour adopter de nouveaux horaires dans les écoles. Le principal objectif est de faire en sorte que les écoliers puissent se rendre à leur école et en partir pendant qu’il fait jour. Là-dessus, nous nous engageons en tant que gouvernement. Nous allons aussi faire en sorte que les parents puissent continuer à accompagner leurs enfants», nous apprend-on de source gouvernementale. Pour l’instant, l’on sait, d’après Saïd Amzazi, ministre de l’Education nationale, que juste après les vacances, les horaires des cours dans tous les établissements d'enseignement primaire, collégial, secondaire, supérieur et de la formation professionnels, publics et privés, seront de 9h à 13h et de 14h à 18h.

Administration: plus de flexibilité«De manière générale, nous nous acheminons vers plus de flexibilité en matière d’horaires dans les administration. A la situation actuelle voulant que les journées de travail dans les administrations sont comprises entre 8h30 et 16h30, nous allons opter pour des créneaux plus larges. L’essentiel que les fonctionnaires puissent remplir les 8 heures obligatoires par jour. Nous allons juste introduire plus de flexibilité en la matière, de manière à la fois à permettre aux parents de remplir leurs devoirs envers leurs enfants et à rendre nos administrations plus efficaces et plus disponibles», assure-t-on. Qui aura la charge d’introduire cette flexibilité? «Ce sera essentiellement le rôle des administrations décentralisées et des walis. Le Maroc est un grand pays et les heures du lever et du coucher du soleil varient substantiellement selon qu’on se trouve à Dakhla ou à Oujda. Seuls les principaux concernés à l’échelle des régions peuvent ainsi trancher par rapport aux mesures à entreprendre en la matière. Et un grand travail est d’ores et déjà en cours sur ce sujet», nous explique-t-on.

Plus de dynamique socialeD’après ses promoteurs, une heure de plus dans la journée, c’est une heure de gagnée. «Tous les pays qui s’inscrivent dans la même démarche de progrès et d’évolution que le Maroc ont opté pour de telles mesures», affirme Mohamed Benabdelkader. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, GMT+1 ne manquera pas de créer davantage de dynamique au sein de la société. Libres plus tôt, les Marocains auront ainsi plus de temps pour régler des affaires, vaquer à d’autres préoccupations et s’adonner à de nouvelles activités. «Se réveiller une heure à l’avance par rapport aux habitudes, c’est pouvoir anticiper sa journée et mieux profiter des débuts de soirées», affirme ce sociologue. Quid de l’horloge biologique? Dans une déclaration à la MAP, le psychologue Aboubakr Harakat explique que l'instauration du "GMT+1" d'une façon permanente "permettra aux citoyens de savoir à quoi s'en tenir et d'organiser leur vie quotidienne en fonction de cet horaire, sans avoir à subir chaque fois un changement d'heure". Et d’affirmer que cette décision n'aurait pas de conséquences notables sur la santé physique ou psychologique des citoyens. "C'est une question d'adaptation", insiste-t-il.

…Et une économie plus compétitiveDes pays comme la Turquie l’ont déjà fait en passant à l’heure d’été toute l’année. En prime: une économie comprise entre 800 millions et 1 milliard de kilowatts-heures d'électricité, soit l'équivalent de la production annuelle d'une centrale hydroélectrique de moyenne échelle. Dans le vieux continent, la Commission européenne veut mettre fin aux changements d'heure, en laissant chaque pays trancher. Au Maroc, et en 2016, En 2016, cette mesure a engendré un gain de 119 millions de dirhams et une économie moyenne en puissance de 84 MW par jour, selon des chiffres de l’ONEE. Selon la même source, même avec un GMT+1 partiel, le gain annuel moyen actuel est de 128,5 millions de dirhams. Avec un GMT+1 toute l’année, ce chiffre est appelé à doubler. GMT+1, ce sont aussi des entreprises marocaines alignées sur l’Europe et donc, des heures précieuses d’échanges commerciaux et de transactions de remportées. Être compétitif, c’est d’abord être à l’heure.

Par Tarik Qattab
Le 27/10/2018 à 09h13