«Alors que la flambée des prix persiste, on regrette qu’en cette période, marquée par la fin des vacances et la rentrée scolaire, le gouvernement ait procédé à une série de hausses des prix des carburants, dont un 5ème relèvement qui aura un impact négatif sur les prix d’un ensemble de produits, y compris ceux des chaînes de production», a martelé Nabil Benabdallah en qualifiant d’«insuffisante» la récente décision de l’exécutif d’accorder «un nouveau soutien aux professionnels de transport».
Le chef incontesté du PPS est revenu une nouvelle fois sur les propositions formulées par son parti pour juguler les prix des hydrocarbures. «Nous leur avons dit (aux pouvoirs publics) qu’ils peuvent s’inspirer de la loi relative aux prix qui, dans son article 2, accorde la possibilité d’un plafonnement des prix durant six mois afin de préserver le pouvoir d’achat, comme nous leur avons proposé entre autres de baisser la TVA ou de diminuer la marge des bénéfices des sociétés pétrolières», a-t-il expliqué.
Nabil Benabdallah a, en outre, lancé un appel urgent pour engager «un contrôle rigoureux du marché des hydrocarbures, et ce, à la lumière du récent rapport du Conseil de la concurrence». Selon lui, «il faut exécuter les décisions de ce conseil et adopter le cadre juridique adéquat lié à ce marché». Sur ce registre, le leader politique est allé jusqu’à considérer qu’il existe au sein de ce marché un «conflit d’intérêts où les sociétés gagnent des sommes colossales», mettant en garde le gouvernement contre l’impact négatif qu’entrainerait la baisse du pouvoir d’achat des citoyens.
Et d’interpeller le gouvernement: «Vous pouvez énumérer autant de fois que vous voulez les efforts que vous avez réalisés, et il y en a eu des réalisations, néanmoins, elles n’ont pas été à la hauteur pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens et contrôler la flambée des prix.»
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Nabil Benabdallah a, d’autre part, dénoncé «le silence, le mutisme et le déficit» du gouvernement en matière de communication et d’information. «Il n’y a eu aucun débat avec la presse ni explication comme si tout est parfait», a regretté le chef du PPS, avant de reconnaître que parmi les réalisations de la majorité, figure l’édification de l’autoroute de l’eau de l’oued Sebou vers le barrage de Sidi Mohammed Ben Abdellah de Rabat.
Parmi les autres défis à relever, notre interlocuteur a cité le Nouveau modèle de développement que le gouvernement a, selon lui, oublié. «Lors de son investiture, l’exécutif avait dit qu’il en ferait une référence, mais il a oublié ce modèle», a-t-il rappelé. Et d’ajouter que «nous avons besoin d’un véritable gouvernement politique qui puisse appliquer ses promesses électorales. Nous souhaitons aussi qu’il mette en œuvre les instructions royales contenues dans le récent discours du Trône».
Nabil Benabdellah a d’autre part critiqué le gouvernement sur la mise en œuvre de la protection sociale. «Jusqu’à présent, le leitmotiv de “l’Etat social” reste un slogan», a-t-il martelé avant d’estimer que cette réforme «demeure au stade de la promulgation des décrets alors que le soutien direct aux démunis n’a pas encore achevé son processus. Apparemment, la rapidité de l’exécution bute sur des aspects budgétaires.»
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Néanmoins, Nabil Benabdellah a reconnu que l’opposition (MP, USFP, PPS, PJD) a du mal à unir ses rangs: «Le PPS constate que l’opposition avec ses quatre partis politiques connaît au niveau parlementaire certaines difficultés à animer ses actions. Nous tendons la main à toutes ces composantes ainsi qu’à la gauche radicale divisée pour s’unir et former un bloc face au gouvernement.» Le chef du parti du Livre a aussi indiqué que son parti organisera une nouvelle fois des rencontres avec les syndicats et des ONG pour «renforcer les rangs et pour constituer une alternative en vue du dialogue social».
Prié de donner son avis sur les réticences qu’aurait une partie du patronat face à l’augmentation de la 2ème partie du SMIG de 5% en septembre en liaison avec l’adoption du Code du travail, Nabil Benabdallah a rappelé que «la grève est un droit constitutionnel» car «il faut préserver les droits de la classe laborieuse sachant que la flexibilité de l’emploi risque d’aggraver le chômage».
Enfin, soulignant que le PPS est ouvert au dialogue, il a affirmé que dans «l’intérêt de la CGEM, il faut que le patronat applique la hausse du SMIG de 5% attendue en septembre».