Dans sa livraison du mercredi 2 août, le quotidien arabophone Al Akhbar consacre son éditorial du jour à la cérémonie d’allégeance qui a eu lieu lundi dernier au palais royal de Tétouan, à l’occasion de la commémoration du 24ème anniversaire de l’accession du roi Mohammed VI au trône.
Il s’agit pour Al Akhbar de revenir sur le sens et les portées historique, juridique et religieuse de la bei’a, ce pacte traditionnel-moderne qui lie depuis des siècles les rois et le peuple marocains, et qui est renouvelé chaque année à l’occasion de la fête du Trône.
Plus qu’une simple pratique protocolaire, l’allégeance (bei’a), à travers la symbolique qui préside à son cérémonial, est un acte moderne qui rappelle certes l’Etat profond et défie le temps, mais reste surtout, dans sa substance originelle et impérissable, un acte de légitimité, toujours renouvelée, du pouvoir royal. En effet, la bei’a est un pacte politique qui lie le gouvernant et le gouverné, tout en étant basé sur des principes constitutionnels de participation populaire et de dynamisation continue des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Le rôle du pacte d’allégeance, ajoute l’éditorialiste d’Al Akhbar, est de consolider la fidélité et le dévouement à la nation à travers un consensus historiquement continu. Car le Maroc n’est pas un Etat artificiel, créé au gré d’un décret colonial ou autre, mais une vieille nation, forte de ses traditions, coutumes et pratiques qui ont traversé l’Histoire et résisté à l’usure du temps.
C’est ce lien entre le passé et le présent qui fait la force et la légitimité de la monarchie marocaine, et donne crédibilité à ses pouvoirs, décisions et positions.
Dans un monde où les conflits géostratégiques mettent en danger l’unité, voire l’existence même de certains pays, le pacte de la bei’a reste un bouclier pour affronter les défis économiques et sociaux, mais aussi militaires et sécuritaires. C’est ce qui explique que le Maroc a réussi, à travers les siècles, à conjurer toutes les tentatives d’atteinte à son unité et à son identité nationale et religieuse.
Al Akhbar conclut en écrivant qu’il n’est pas exagéré de dire qu’à chaque fois que le Maroc fait un nouveau pas vers la modernité institutionnelle et vers le monde de demain, il renforce en même temps davantage sa profondeur historique et religieuse, car les rituels annuels de la bei’a s’érigent en rempart protecteur de la stabilité du royaume en tant qu’Etat-nation séculaire. Mieux, la bei’a est le garant de l’existence même du Maroc et sa continuité.