Fête du Trône 2017: le roi Mohammed VI furieux contre l'administration publique

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Pour la deuxième fois en moins de deux ans, le roi Mohammed VI a dressé samedi soir 29 juillet, lors du discours du Trône, un tableau sombre du fonctionnement et du rendement de l'Administration publique.

Le 30/07/2017 à 08h34

Dans son discours du Trône prononcé samedi 29 juillet 2017 depuis Tétouan, le souverain a pointé du doigt le douloureux mal dont pâtit l'Administration publique et en a fait un des principaux thèmes évoqués. "L'Administration souffre d'une faible gouvernance et d'une productivité insuffisante", a souligné le roi, visiblement agacé par ce problème qu'il a pourtant soulevé avec force et énergie en octobre 2016. C'était à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire de l'année législative.

Pour le souverain, l'appel pressant -qu'il avait lancé pour la réforme de l'Administration en 2016- n'a pas été entendu. Il a été négligé en dépit des déclarations d'intention du gouvernement. Samedi soir, le souverain est revenu à la charge en affirmant que "l'un des problèmes qui entravent le progrès du Maroc réside dans la faiblesse de l'administration publique, en termes de gouvernance, d'efficience, de qualité des prestations offertes aux citoyens".

Sur un ton ferme, le roi nous apprend que de nombreux citoyens l'approchent régulièrement pour dénoncer ce monstre qu'est l'administration publique. "Voilà pourquoi les citoyens se plaignent auprès du roi, des administrations et des responsables qui font preuve de procrastination dans le règlement de leurs doléances et le traitement de leurs dossiers. Voilà pourquoi ils sollicitent son intervention pour mener les affaires à bonne fin". Et de conclure à ce sujet que "cette situation ne peut perdurer".

Tous les gouvernements et les ministres de la Fonction publique qui se sont succédé depuis 18 ans ont montré incapacité à assainir la productivité de l'administration publique. L'un d'eux, Mohamed Moubdie, reconnaît cette impuissance, estimant que le temps est venu pour que le gouvernement, les partis politiques, les administrations, les cadres entreprennent d'urgence la réforme de l'administration et sur le terrain. "Le civisme, le patriotisme et l'intérêt général doivent prévaloir dans cette réforme". Pour sa part, le politologue Abdelfettah Belamaachi, a estimé que le souverain est arrivé "à un tel point d'agacement qu'il ne peut plus rester silencieux sur les défaillances de l'Administration qui nuit aux intérêts du citoyen et du pays".

"Les relations de l'Administration avec le citoyen doivent impérativement changer. Il faut aussi changer l'esprit de la fonction publique, car le processus de démocratisation et de développement est irréversible", a conclu cet universitaire.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 30/07/2017 à 08h34