Son arrestation a eu lieu jeudi 15 février dans le cadre d’une opération menée par le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) à Salé, Marrakech et Laâyoune. Son origine comme son parcours étonnent. Il s’appelle Ahmed Salek Hafed et il a la particularité d’avoir appartenu au Polisario, avant de tomber dans les mains de la plus dangereuse organisation terroriste de notre époque, Daech. Un parcours qui en dit long sur la facilité de passer d’un camp à un autre et sur la prédisposition qu’ont certains séparatistes à embrasser les idéologies les plus meurtrières. Mais qui est-il?
Ahmed Salek Hafed est natif des camps de Tindouf, où il a vu le jour en 1994. Il a marqué un bref passage en l’an 2000 dans la ville mauritanienne de Zouirat, avant de rejoindre, la même année, son père, un séparatiste de l’intérieur et activiste connu du Front Polisario, décédé en 2009, à Laâyoune.
En 2013, il regagne les camps de Tindouf avant d'être envoyé, durant cette même année, par les responsables de la pseudo "Rasd", à la wilaya d’Ain Beida en Algérie, où il poursuit ses études fondamentales puis à la wilaya de Belabbès pour ses études secondaires. Le tout, bien entendu, est pris en charge par le régime algérien. En parallèle à ses études, il effectue de nombreux déplacements dans les camps des séparatistes, notamment à l’occasion de vacances scolaires.
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En échec scolaire, il regagne les camps pour une longue période en 2014 et subit un stage paramilitaire de base à la direction militaire dite "Al Ichara", à Rabouni. C’est là qu'il se familiarise avec les techniques de la guérilla et la manipulation des armes de types Kalachnikov.
A l'issue de cette formation, il obtient la «nationalité» de la pseudo «Rasd» et une carte d'identité biométrique. C’est la période pendant laquelle il se laisse graduellement influencer par la doctrine salafiste radicale. A partir de 2013, il commence à s’intéresser au jihad et aux événements se déroulant sur la scène syro-irakienne. En 2015, il est approché par un certain H.M. L, trentenaire et titulaire d'une licence en études islamiques en Algerie et installé au camp dit Boujdour à Tindouf.
C’est à travers cet homme que Ahmed Salek s’abreuve de l’idéologie de Daech. Tous les moyens sont bons. Conclaves au domicile de son nouveau maître à penser, documentation en tout genre, supports audiovisuels, réseaux sociaux… H.M.L anime d’ailleurs une page Facebook et un site électronique pour propager les idées de l’organisation. Tout comme il gère une mosquée anarchique dans le camp où il réside, qui lui sert de base de diffusion des idées sanguinaires de Daech et où il embrigade une vingtaine de fidèles acquis à sa doctrine.
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La même année 2015, Ahmed Salek Hafed est ainsi informé par son mentor qu’il devra rallier une brigade de Daech en Libye, équipé d’un faux passeport algérien. A partir de là, il doit rejoindre la scène irako-syrienne. Le projet n’aboutira pas. Et c’est ainsi qu’en août 2016, Salek Hafed décide de s’installer à Laâyoune, au Maroc. Il noue un premier contact avec un certain M.M, arrêté en 2017 pour apologie du terroriste. Il lui rend compte de son passage dans les camps, de ses entraînements au maniement des armes et de ses convictions, d’ailleurs partagées. Il lui demande également d’intercéder en sa faveur pour améliorer ses capacités paramilitaires pour, au final, pouvoir mener des actions terroristes dans le Royaume et mettre en pratique les projets de Daech. Cibles privilégiées: les établissements hôteliers de la ville et les endroits fréquentés par des étrangers, ainsi que les sites sensibles et les éléments de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie et des Forces armées royales.
C’était juste avant que les services du BCIJ ne mettent fin à ses projets et l’arrêtent. L’activisme jihadiste de ce suspect met en évidence l’existence de liens avérés entre le Front séparatiste du Polisario et l’hydre terroriste d’Abu Bakr al-Baghdadi. «Des centaines parmi les jeunes du Front Polisario avaient rallié les phalanges terroristes au Sahel et en Libye», souligne une source informée.