Etat civil: le choix des noms amazighs crée toujours des remous

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Revue de presseKiosque360. Les services de l’État civil, relevant du ministère de l’Intérieur, sont accusés de refuser d’enregistrer certains noms amazighs pour cause de «non authenticité». Les associations et les familles amazighes crient à la discrimination et saisissent le chef du gouvernement.

Le 05/02/2018 à 00h58

Le refus d’enregistrement de certains noms amazighs choisis par les familles pour leurs nouveau-nés crée des tensions entre ces mêmes familles et les officiers et agents de l’État civil, dont les services relèvent de la tutelle du ministère de l’Intérieur.

Dans sa livraison de ce lundi 5 février, Akhbar Al Yaoum explique que les plus récentes tensions en la matière ont été causées par une nouvelle circulaire du ministère de l’Intérieur. Cette dernière oblige désormais les familles à «prouver que le nom avec lequel elles comptent baptiser leur nouveau-né est un nom amazigh authentique», ajoute le quotidien. Pour cette authentification, elles doivent s’adresser à la Direction des collectivités locales dudit ministère.

Il n’en fallait pas plus pour que la Fédération nationale des associations amazighes adresse une correspondance au chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, pour lui demander de retirer la nouvelle condition imposée aux familles amazighes, condition considérée comme «discriminatoire», car «difficile à réaliser par les pères de famille».

Dans sa lettre au chef du gouvernement, la Fédération amazighe illustre sa requête par deux cas concrets. A Sidi Moumen-Bernoussi, le 13 janvier dernier, premier jour de Yennayer, une famille amazighe s’est ainsi vu refuser le droit d’enregistrer son bébé sous l’appellation «Amenay». Un rejet qui a créé des remous tels que le ministère de l’Intérieur a sorti un communiqué dans lequel la Direction des collectivités locales nie tout refus d’enregistrer le nouveau-né, mais reconnaît avoir exigé de la famille de prouver qu’«Amenay» est un nom authentiquement amazigh.

Le second cas a eu lieu à Erfoud, où le couple Zahra Inaâm et Ahmed Inaâm avait choisi le nom d’«Aryuss» pour leur nouveau rejeton, nom refusé par les services de l’état civil qui ont exigé une authentification signée par les services compétents du ministère de l’Intérieur. Et d’ajouter, que depuis la constitutionnalisation de la langue amazighe en 2011, quelque 50 cas de refus de noms amazighs ont été recensés.

La Fédération amazighe rappelle au chef du gouvernement la nécessité de respecter les conventions internationales sur la lutte contre toutes formes de discrimination raciale ratifiées par le Maroc, mais surtout la circulaire du ministère de l’Intérieur n° 3220, en date du 9 avril 2010, qui reconnaît aux familles amazighes le droit de donner à leurs enfants le nom de leur choix. 

Par Mohammed Ould Boah
Le 05/02/2018 à 00h58