Dans un message posté hier, mercredi 29 décembre, sur son compte Twitter, l'ancienne cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya, a fait savoir qu’un décret royal, publié le jour même au Bulletin officiel, lui avait attribué la Grande croix de l'Ordre royal espagnol de Charles III.
Créé en 1771, l’ordre de Charles III est considéré comme la plus haute distinction civile en Espagne. Traditionnellement, cette décoration est décernée en signe de «reconnaissance des citoyens qui, par leurs efforts, leurs initiative et travail, ont rendu un service extraordinaire à la Nation».
Et, de fait, Laya a tweeté qu'il s'agissait là, pour elle, d'«un honneur d'avoir servi [s]on pays, ses citoyens et [qu'elle était] très reconnaissante aux grands professionnels du ministère des Affaires étrangères». Le tout, en n'omettant pas d'afficher, dans ce même tweet, une capture d’écran du décret entérinant sa décoration, signée par le chef du gouvernement, Pedro Sanchez.
Ce même décret ne donne aucune précision sur les raisons qui auraient justifié cette «consécration» de l'ex-ministre espagnole des Affaires étrangères. Le texte se contente d’indiquer que la Grande Croix de l'Ordre royal espagnol de Charles III lui a été accordée sur proposition du Premier ministre, Pedro Sanchez, après que le Conseil des ministres a délibéré sur ce sujet, lors d'une réunion tenue le mardi 28 décembre 2021.
En réaction à ce tweet de Laya, plusieurs commentaires n’ont pas manqué de constater le manque de précisions sur les motivations de cette décoration, qui a été perçue par certains comme étant, de fait, «une simple reconnaissance partisane».
Toutefois, au regard de la nature du portefeuille ministériel qui a été confié à Arancha Gonzalez Laya dans l’ancien gouvernement, le fait qu'une décoration lui ait été décernée ne peut être interprété que comme le signe de la reconnaissance de son action dans le domaine de la politique extérieure de l’Espagne.
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Et si l’on considère que le fait d’armes le plus important d’Arancha Gonzalez Laya a consisté à faire admettre en Espagne, en catimini, le chef des séparatistes, Brahim Ghali, sous le faux nom de Benbattouch, provoquant de la sorte la crise la plus importante entre Rabat et Madrid depuis les évènements de l’îlot Leila en 2002, on ne peut qu'être légitimement surpris des hourrah qui lui ont été adressés par le gouvernement espagnol.
Et ce, alors même que nombre de personnes avaient perçu le remplacement d'Arancha Gonzalez Laya par Jose Manuel Albares, en juillet 2021, comme un signe d’apaisement en direction du Maroc.
L’attribution de cette prestigieuse décoration apporte donc la preuve que certaines parties influentes en Espagne approuvent la gestion calamiteuse par l’ancienne cheffe de la diplomatie des relations de Madrid avec Rabat.
Côté marocain, cela signifierait que Laya aurait été décorée pour avoir contribué directement à l’infiltration, puis à l’exfiltration, sous un faux nom, du chef du Polisario. Des faits pour lesquels elle est d'ailleurs poursuivie, en tant qu’accusée, par la justice espagnole.
Le fait de lui décerner, cinq mois plus tard, une décoration d'une telle importance, démontre qu’il existe, dans le milieu politique espagnol, certaines parties qui sèment le trouble dans les relations de ce pays avec le Maroc, et qui repoussent un retour vers l’apaisement.