Dans un monde instable, «l’expérience marocaine, illustrée notamment par la démocratie et le Parlement, connaît un développement positif. Nous constatons une interaction rapide et fructueuse des députés et des commissions sur des sujets d’intérêt commun», a affirmé Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants dans cet entretien avec Le360.
Lors de la session parlementaire du printemps (2022-2023), un peu plus de 200 sujets ont été discutés entre différents textes, projets de loi et conventions. L’ensemble des thèmes d’actualité ont été débattus, allant de la hausse des prix à la sécheresse, en passant par l’approvisionnement du marché, l’utilisation de l’eau, la santé et l’éducation.
Le gouvernement a participé efficacement à ces débats qui ont porté prioritairement sur la problématique de l’eau et la charte de l’investissement.
Toutefois, Rachid Talbi Alami reconnaît que ce bilan globalement positif a été quelque peu amoindri par une certaine atonie sur le volet des propositions de loi. Il déplore ainsi le faible nombre des textes proposés par les députés, particulièrement ceux de l’opposition, ayant réussi à franchir le cap de l’adoption définitive.
Cette faiblesse serait-elle due, comme l’opposition le reproche au gouvernement, au «rejet catégorique» des textes proposés par le camp d’en face? Le président de la Chambre des représentants s’en défend.
Il estime que l’éligibilité d’une proposition de loi est «acquise lorsque le gouvernement l’accepte (…). Mais les députés de l’opposition insistent sur l’obligation de la présence des membres de l’Exécutif lors des débats autour des propositions en commission. Or, le gouvernement est habilité à juger si sa présence est judicieuse ou non», a-t-il expliqué, rejetant le qualificatif de «fuite en avant du gouvernement». Ainsi, ces propositions de loi restent toujours en souffrance au sein des commissions parlementaires «car elles ne sont jamais prêtes pour passer au stade de l’adoption finale», ajoute-t-il.
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Au passage, Rachid Talbi Alami déplore les menaces de l’opposition de saisir la Cour constitutionnelle pour faire sortir de l’impasse la question des propositions de loi. «Le recours à la Cour constitutionnelle est garanti par la loi lorsqu’un différend existe entre le Parlement et le gouvernement. Cependant, dans le cas des propositions de loi, le débat est toujours resté confiné aux discussions internes préliminaires, sans avoir pu atteindre un niveau plus élevé», argumente le président de la Chambre des représentants. Quant aux critiques selon lesquelles les ministres auraient tendance à s’absenter lors des débats, Rachid Talbi Alami les réduit à de simples «paroles» sans fondement.
Malgré cette cette Pol »pique autour des propositions de loi, le bilan législatif reste, pour Talbi Alami, globalement satisfaisant, si l’on prend également en compte le rôle joué par la diplomatie parlementaire en faveur de la cause nationale sur les plans régional et international. Il faut rappeler à cet égard que la Chambre des représentants avait permis au Maroc de marquer des points sur le terrain diplomatique, notamment avec la visite d’Amir Ohana, président de la Knesset d’Israël au Maroc.
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Le 8 juin 2023, ce dernier avait déclaré qu’Israël devrait aller de l’avant et reconnaître la marocanité du Sahara. Le 17 juillet, l’État d’Israël a effectivement annoncé de manière officielle, par la voix de son Premier ministre Benjamin Netanyahu, sa reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Interrogé sur une possible visite officielle en Israël, le président de la Chambre des représentants n’en a pas exclu l’éventualité. «Actuellement, il n’y a rien de concret, mais tout est possible», a-t-il répliqué, avant de conclure que «l’expérience parlementaire marocaine s’est forgé une solide personnalité, qui fait d’elle aujourd’hui un modèle sur les plans régional et international».