Les observateurs de la chose sécuritaire, comme les spécialistes soucieux de l’image du Maroc à l’international, n’avaient qu’à bien se tenir lors de l’Assemblée générale de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), le plus grand rassemblement des services sécuritaires au monde, qui s’est tenu du 4 au 7 novembre dernier à Glasgow, en Écosse. Il ne s’est pas passé un jour, une cérémonie, une session de travail ou une rencontre dans le cadre de cet événement sans que le Maroc ne soit cité ou honoré.
Comptez l’élection du Maroc, à une large majorité des délégués des 196 pays membres, à la vice-présidence d’Interpol pour l’Afrique, en la personne de Mohamed Dkhissi, directeur de la police judiciaire et chef du bureau d’Interpol à Rabat, en reconnaissance des efforts du Maroc pour la sécurité et la stabilité et de son rôle pionnier au service de la coopération sécuritaire Sud-Sud. Le Maroc aura la charge de coordonner les bureaux centraux nationaux dans les pays africains et avec le reste du monde, notamment face aux menaces terroristes et aux risques non conventionnels recourant aux nouvelles technologies. Citons aussi la remise du drapeau d’Interpol au directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi. Et pour cause, c’est le Maroc qui accueillera la 93ème Assemblée générale de l’organisation en 2025, à Marrakech, comme en ont décidé, à l’unanimité, ses pays membres.
Bien plus que deux moments forts de la réunion de Glasgow, il s’agit plutôt de la double consécration d’un long chemin emprunté par le Maroc pour renforcer ses outils et ses méthodes sécuritaires, qui en font aujourd’hui un exemple à suivre.
À l’échelle du continent, le facteur légitimité a naturellement été déterminant dans le choix du Maroc comme vice-président pour l’Afrique. Des pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et le Tchad bénéficient déjà de l’appui du Maroc pour consolider leurs capacités sécuritaires, à travers des formations continues, des échanges de renseignements et un accompagnement technique face aux menaces terroristes et criminelles. En février dernier, et depuis Rabat, le général Michael Langley, patron du commandement américain pour l’Afrique, en témoignait: le Maroc constitue «un modèle en matière de sécurité et de coopération dans la région».
Aux yeux du monde, l’organisation de la prochaine assemblée générale d’Interpol est non seulement le fruit des excellentes relations qu’entretiennent les services de sécurité marocains avec leurs homologues arabes, américains et européens, mais aussi une reconnaissance de leur savoir-faire. Un chiffre pour le dire: pour la seule année 2023, le pôle Coopération internationale relevant de la DGSN a traité 6.473 dossiers et demandes d’informations. Cette même année, le bureau Interpol de Rabat a procédé au suivi de la mise à exécution de 119 commissions rogatoires internationales émises par des autorités étrangères et de 48 procédures d’extradition de ressortissants étrangers arrêtés au Maroc.
Pour les pays arabes, les États-Unis et l’Europe, le Maroc est non seulement un acteur régional clé, mais aussi un partenaire solide. Aujourd’hui, le Royaume est reconnu comme un pays leader dans la lutte contre le terrorisme et un acteur de premier plan dans la lutte contre la criminalité transnationale, se distinguant, selon le Global Terrorism Index, comme un pays à risque zéro. Lors de sa visite à Rabat, en octobre dernier, le représentant spécial de l’Otan pour le voisinage Sud, Javier Colomina, a souligné que «le Maroc est un acteur incontournable lorsqu’on parle de sécurité». C’est dire. À l’arrivée, plusieurs pays d’Amérique, d’Afrique, d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient, ainsi que la Russie ont établi des partenariats stratégiques avec le Royaume.
Abdellatif Hammouchi recevant le drapeau d’Interpol pour préparer son AG au Maroc en 2025.
Les États-Unis considèrent le Maroc comme un allié stratégique dans la lutte antiterroriste. Cette collaboration s’illustre par des échanges de renseignements, des programmes de formation et une coopération active. Sur le plan européen, le Maroc, doté d’une expertise avancée en renseignement, travaille étroitement avec des pays comme la France, l’Allemagne et l’Espagne pour prévenir les attaques terroristes. Comme il brille en matière de neutralisation des réseaux d’immigration illégale et de trafic de drogue.
En Espagne, il ne se passe désormais plus une semaine sans que les autorités du pays n’annoncent le succès d’une opération sécuritaire avec le concours des services marocains. Des partenariats qui se sont notamment soldés par la création de centres de coopération policière maroco-espagnols, dédiés à l’échange d’informations opérationnelles relatives à la criminalité transnationale.
Fort de son efficacité dans la gestion sécuritaire, le Maroc est fréquemment sollicité pour assurer la sécurité de grands évènements à l’étranger. Lors des derniers Jeux olympiques de Paris, la France a fait appel à l’expertise nationale, tout comme le Qatar, qui a mobilisé plusieurs milliers de policiers marocains pour appuyer la sécurité du Mondial 2022. L’organisation de la 47ème conférence des chefs de police et de sécurité arabes (2023) et l’accompagnement des grands événements nationaux, continentaux et internationaux organisés au Maroc (Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, Coupe du monde des clubs, Coupe d’Afrique U23, CAN féminine, etc.) complètent le tableau. Sans oublier le rôle crucial joué par le corps de sécurité au lendemain du séisme d’Al Haouz pour aider et assister les victimes, assurer la sécurité de leurs biens et préserver l’ordre public.
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Rien ne semble désormais atteindre le Maroc sur le registre de la sécurité. Le tout avec une admirable capacité à s’adapter à l’évolution des menaces, l’un des secrets de son succès. Le Maroc a notamment développé une stratégie nationale de cybersécurité à l’horizon 2030 comme moyen d’anticiper les nouvelles formes de criminalité. Aujourd’hui, le pays est capable de répondre efficacement aux cybermenaces, protégeant ses infrastructures nationales tout en apportant un soutien crucial à ses partenaires internationaux.
À l’évidence, rien de tout cela n’est le fruit du hasard. Tout a commencé le 15 mai 2015, jour où Abdellatif Hammouchi est nommé par le Souverain à la tête, en plus de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Une première au Maroc.
Une transformation conduite par Abdellatif Hammouchi
Dès son entrée en fonction, un modèle de gouvernance, une méthodologie et des objectifs particuliers ont profondément modernisé le système sécuritaire et l’ont adapté aux exigences de la nouvelle ère de la technologie et de l’information. À son actif, on citera une infinité de mesures et de transformations dont la refonte complète de la police marocaine dans sa forme et son contenu, la modernisation de ses moyens et de ses méthodes de travail et la promotion de la compétence professionnelle. Est également menée une diversification de l’offre de sécurité, de communication et d’interaction sociale, dont les rendez-vous phares sont les «Journées portes ouvertes» de la Sûreté nationale, organisées chaque année, depuis 2017, dans différentes villes du pays.
S’ajoute à cela un rôle inédit jusqu’alors: celui de véritable chef de la diplomatie sécuritaire marocaine dans différents pays du monde. Il suffit de scruter le nombre impressionnant de rencontres bilatérales que Hammouchi a tenues à Glasgow pour s’en rendre compte. Entre autres: le président d’Interpol, Ahmed Naser Al-Raisi, le secrétaire général sortant d’Interpol, Jürgen Stock, le secrétaire général nouvellement élu, Valdecy Urquiza, le chef de l’office fédéral allemand de la police criminelle, le directeur général de l’Agence nationale de lutte contre la criminalité (NCA) ou encore le chef du Bureau central national du ministère chinois de la Sécurité de l’État. Last but not least: des entretiens avec la commissaire générale de la police norvégienne, qui a exprimé la volonté de son pays de consolider la coopération avec le Maroc. Un nouveau mémorandum d’entente est d’ailleurs en préparation dans ce sens.
Ce n’est donc certainement pas par simple usage diplomatique que le directeur général du pôle DGSN-DGST a reçu la prestigieuse Médaille d’honneur de la police nationale française et a été décoré notamment par les gouvernements espagnol et émirati.