À l’approche du scrutin législatif, la controverse renaît autour des listes électorales à statut dérogatoire communément désignées sous l’appellation de «listes de quota».
Des négociations préliminaires laisseraient présager un consensus entre les formations politiques et le ministère de l’Intérieur pour supprimer le quota actuellement dévolu aux femmes au profit d’une liste, dédiée aux «compétences», rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia daté de ce 5 juin.
Cette mutation constituerait le troisième changement substantiel de ce dispositif dit de privilège depuis l’adoption constitutionnelle de 2011.
Après deux expériences successives de listes nationales mixtes (jeunes), le système en vigueur avait été révisé lors du mandat écoulé.
La suppression de la liste «jeunes» et le transfert de ses 30 sièges à une représentation régionale féminine avaient alors porté le quota dédié aux femmes à 90 sièges contre 60 auparavant.
Ce mécanisme impose aux partis de présenter au moins deux tiers de candidates par circonscription régionale avec obligation d’attribuer les deux premières places de chaque liste à des femmes.
Il semble que le ministère de l’Intérieur s’orienterait désormais vers une liste mixte (hommes-femmes) axée sur les «compétences», tout en conservant le nombre actuel de sièges.
Des sources alertent sur le risque que cette réforme n’érode la présence féminine au Parlement, alors que le dispositif aboli visait précisément à élargir la participation des femmes en politique et à garantir leur ancrage territorial dans une perspective paritaire.
Cette remise en cause rappelle la polémique ayant accompagné l’abandon du quota jeunes en 2021, initialement instauré en 2011, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Critiqué pour son instrumentalisation partisane et qualifié de «rente politique» par certains, ce dispositif était néanmoins défendu comme une porte d’accès indispensable pour la jeunesse.
Ironiquement, la liste régionale féminine qui lui succéda se heurta aux mêmes reproches: sélection fondée sur les loyautés claniques plutôt que sur le mérite ou la valeur ajoutée que cette expérience pourrait apporter à l’institution législative.




