Comme attendu, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a entamé ce week-end une série de réunions de haut niveau, pour jeter les bases du prochain scrutin législatif, prévu en 2026.
Convoqués au siège du ministère, samedi dernier, les secrétaires généraux et représentants des formations politiques ont répondu présents, à quelques exceptions notables près, note le quotidien Assabah dans son édition du lundi 4 août. À commencer par l’absence de Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants (RNI) et chef du gouvernement, remplacé par deux figures de confiance, Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants, et Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement.
Loin d’être un simple tour de table protocolaire, ces premières concertations ont permis de poser les jalons d’une refonte partielle du cadre électoral, au nom de la moralisation de la vie publique, de la transparence et du respect du calendrier constitutionnel.
Objectif affiché: établir d’ici la fin de l’année une architecture juridique claire et consensuelle, avant un passage devant le Parlement, lors de la session d’automne.
Le ballet politique du week-end n’a pas manqué d’épisodes singuliers. Au Parti authenticité et modernité (PAM), c’est Fatima Zahra Mansouri qui a pris la tête de la délégation, accompagnée de Samir Koudar, président de la région Marrakech-Safi, et de Mohamed Hammouti, fin connaisseur des rouages électoraux. Le Parti de l’Istiqlal, pour sa part, a misé sur la présence de Nizar Baraka, déterminé à repositionner la balance en cas d’impasse entre ses deux alliés de coalition, le PAM et le RNI, lors du scrutin de 2026, écrit-on.
Certaines images ont marqué les esprits. Un secrétaire général, diminué physiquement, n’a pas hésité à venir appuyé sur sa canne, tandis qu’un autre, sous dialyse trois fois par semaine, a tenu à montrer qu’il restait en lice, malgré la maladie. Quant à la figure de la gauche radicale, Nabila Mounib, elle a défrayé la chronique en arrivant après la fin de la réunion, victime d’un malentendu sur l’horaire. Noté à 19 heures dans son agenda, le rendez-vous avait, en réalité, débuté bien plus tôt, écrit Assabah.
Derrière ces anecdotes, les discussions ont porté sur des points de fond, soit la mise à jour des listes électorales, la lutte contre les dérives et la corruption, la révision de certaines lois organiques, le renforcement de la représentativité féminine et juvénile, la création possible d’une «liste des compétences» et l’amélioration de la communication et du financement électoral, résume, pour sa part, le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce même lundi.
Autant de thèmes qui cristallisent déjà de fortes divergences entre les formations, appelées à soumettre leurs propositions d’ici fin août.
L’Intérieur, sous l’œil attentif du Roi Mohammed VI, promet une concertation continue. Après cette première salve, une nouvelle série de réunions est prévue en septembre pour affiner les textes et lever les derniers blocages. Vendredi, déjà, avant de recevoir les partis, Abdelouafi Laftit avait réuni à Tétouan les walis et gouverneurs pour leur rappeler la ligne: assurer un processus électoral irréprochable, fondé sur l’impartialité, la transparence et la participation la plus large possible.
Pour les formations présentes, le signal est clair. L’institution monarchique entend réaffirmer la place centrale de l’urne comme pilier du système constitutionnel du Royaume. Beaucoup ont pu y voir une opportunité de réhabiliter la vie politique, trop souvent entachée par l’abstention et une certaine défiance populaire.
Reste à savoir si les partis sauront se saisir de cette fenêtre d’opportunités pour moderniser leurs offres, renouveler leurs élites, et séduire une jeunesse en quête de résultats concrets.En attendant, la mécanique est d’ores et déjà lancée.
D’ici à l’automne, la copie finale devrait être déposée sur les bancs du Parlement. Et, au printemps 2026, le verdict des urnes dira si ces ajustements auront réussi à réconcilier les Marocains avec leur classe politique.








