Pour des sièges au Parlement, les membres du PJD sont en train de laver leur linge sale en public. Des dirigeants de premier rang et des militants très actifs ont décidé de partir définitivement ou, pour certains, de geler leurs activités au sein du parti pour un moment. C’est une véritable guerre fratricide qui est en train de consumer le parti islamiste à quelques jours seulement des échéances électorales du 8 septembre, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 12 août.A Témara par exemple, là où le parti connaît des déboires depuis quelques temps, l’accréditation du président sortant de la commune pour les élections législatives a donné lieu à une levée de boucliers parmi les dirigeants du premier rang. Abdelali Hamieddine, conseiller parlementaire en fin de mandat, s’est vivement opposé à ce choix. Il n’est d’ailleurs pas le seul, puisque le directeur du parti, également parlementaire, Abdelhak Elarabi s’est, lui aussi, opposé à cette décision. Les deux reprochent à Moh Rejdali, parlementaire et président sortant de la commune de Témara, "le peu de cas qu’il fait des règlements intérieurs du parti, mais également sa gestion contestée de la commune et des affaires du PJD".En réaction, Abdelhak Elarabi, décide donc de geler toutes ses activités à la tête de la direction du parti et au sein du secrétariat général, jusqu’à la fin des élections. Le quotidien précise par ailleurs qu’en raison des problèmes de gestion interne, la représentation locale du PJD à Témara avait été dissoute, il y a quelque temps. En conséquence, comme le souligne Kamal Kahli, conseiller communal et dirigeant local du PJD, les militants ont décidé de ne pas soutenir la liste électorale du parti dans cette circonscription.
Dans le Sud, plus précisément dans la région Laâyoune Sakia Al Hamra, c’est l’ancienne parlementaire et figure de proue du PJD au niveau local qui a dit ouvertement tout le mal qu’elle pense des dirigeants de sa formation qui ont décidé de désigner comme mandataire de liste régionale des femmes une autre militante plutôt qu’elle. Sur l’un de ses nombreux posts sur facebook, Khadija Abladi commente cette décision en affirmant que c’est " l’heure de la distribution des indulgences pour tous ceux qui ont pu avoir la bénédiction de leur protecteurs", faisant allusion à certaines pratiques adoptées au moment du choix des mandataires de listes du parti pour les prochaines élections du 8 septembre.
L’ancienne parlementaire de Laâyoune a été choisie par la commission électorale locale en tant que mandataire de liste régionale, précise Al Akhbar, mais elle a été écartée par le secrétariat général. C’est donc ce veto de l’instance dirigeante du parti que cette ancienne députée conteste. Ce qui, d'après elle, constitue une violation "des règles de la démocratie interne dont ne cesse de se targuer le parti".
L’accréditation de Mohamed El Harti, ancien maire adjoint de Fès, a également suscité la colère des militants et dirigeants du parti dans la ville, poursuit le quotidien. Pour nombre d’entre eux, le choix du bras droit de Driss El Azami comme mandataire de liste dans la circonscription de Fès-Nord pour les législatives du 8 septembre est inacceptable. Ils considèrent cela comme un acte de "piratage"des instances décisionnelles du parti par le secrétariat général. D’autres militants du parti dans la même ville n’hésitent pas à parler de pression exercées par le président du conseil national, Driss El Azami, sur le secrétariat général afin d’imposer son bras droit en tant que tête de liste en lieu et place du député sortant d’El Hajeb, Khalid Boukarî, qui a déposé son dossier de candidature dans la même circonscription, mais qui s’est vu opposer le veto du secrétariat général.