Une guerre vient de se déclarer entre les hommes d’affaires et les politiques, avec pour théâtre d’opérations la CGEM. Dans un communiqué publié, mardi, à l'issue de la réunion de son comité exécutif, l’Istiqlal a, ainsi, dirigé les feux de son artillerie lourde contre l’organisation patronale. Peu de gens savent pourquoi. En réalité, explique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 18 février, la réaction de l’Istiqlal intervient en réponse à un récent amendement des statuts de la CGEM. Selon cet amendement, les membres qui font partie des instances dirigeantes des partis politiques ne peuvent plus prétendre aux postes de direction dans l’organisation patronale. L’amendement en question limite certes cette incompatibilité aux trois postes clés de la hiérarchie de la CGEM, mais cela ne lui a pas évité cette virulente attaque de l’Istiqlal.
C’est donc de l'incompatibilité entre l’appartenance aux instances décisionnelles des partis politiques (les bureaux politiques notamment) et les instances dirigeantes de la CGEM qu'il s'agit. Cette décision a été prise pour prévenir toute velléité d’une OPA politique sur l’organisation patronale, explique un membre de la CGEM sous couvert d’anonymat. Cette mesure, poursuit la même source citée par Al Ahdath Al Maghribia, s’inscrit en droite ligne avec le contenu du dernier communiqué du cabinet royal. Dans ce communiqué, publié au terme de la réunion du Conseil des ministres, jeudi 11 février, il est question d’un amendement de la loi organique de la Chambre des conseillers avec pour objectif de permettre aux organisations professionnelles des employeurs les plus représentatives de garder un groupe parlementaire au sein de la Chambre. Et ce, pour leur permettre d’exprimer les préoccupations et les doléances des acteurs économiques et des entreprises nationales, grandes, moyennes et petites.
Pour ce faire, explique le quotidien, citant cette source de la CGEM, cette dernière doit absolument garder son indépendance vis-à-vis des partis politiques. En d’autres termes, pour garantir l’indépendance de son groupe parlementaire, il ne sera pas permis à ses membres d’être élus sous une quelconque bannière politique. Il va sans dire qu’une fois élu sous les couleurs de la CGEM, aucun conseiller parlementaire ne pourra changer d’appartenance sous peine de se voir déchoir se son mandat. La même source citée par le quotidien rappelle d’ailleurs que l’organisation patronale n’oubliera jamais qu’en 2015, l’Istiqlal lui avait ravi deux conseillers parlementaires qui ont été élus sous la bannière de la CGEM et ont été contraints de rejoindre par la suite le groupe parlementaire instiqlalien.
Cela dit, mis à part ce conflit avec les partis, la CGEM ne vient-elle pas, par cette décision, de commettre une entorse à la Constitution, S’interroge le quotidien. Car nul besoin de rappeler que le droit d’appartenance politique est, de par la Constitution, garanti à tous les citoyens. Un argument que l’organisation du patronat rejette en bloc. L’amendement des statuts de la CGEM ne prive aucun de ses membres de la liberté d’appartenir à un parti politique, précise le quotidien. La seule chose qu’il interdit, c’est de cumuler le poste de membre du bureau politique d’un parti et un des postes clés à la CEGM, à savoir le poste de président, celui de président d’une antenne régionale ou encore celui de président d’une fédération.
L’objectif étant, encore une fois, insiste cette source de la CGEM citée par le quotidien, de prémunir cette dernière contre toute infiltration politique et garantir ainsi sa totale indépendance vis-à-vis des partis. De toutes les manières, relève Al Ahdath Al Maghribia, la direction de la CGEM n’a fait que formaliser par écrit une coutume déjà installée au sein de la confédération depuis le mandat de l’ancienne présidente Miriem Bensalah. Une réalité que l’Istiqlal ne semble pas avoir assimilée, conclut le quotidien, puisque, en plus, il accuse aujourd’hui la CGEM de rouler pour un parti politique en particulier.